Jean-Claude Pirotte, Traverses, Cherche midi, 90 pages, 14 € |
De Jean-Claude Pirotte (né en 1939, disparu en 2014) viennent de paraître simultanément des pages de journal sous le titre Traverses (2010-11) et un recueil de poèmes, intitulé Jours obscurs. Dans le premier, il ne mâche pas ses mots, comme dans cette note du 25 octobre 2010 :
" Les livres que je reçois, comme il m'est difficile de ne pas les haïr. Et tant pis pour moi, je l'ai bien cherché comme on dit. Je me suis lancé dans cette entreprise de "chroniqueur de poésie" sans mesurer le risque de dégoût qu'elle me ferait courir. Car la plupart des poètes que me voici contraint de lire entretiennent ma répulsion pour le clinquant, la fausseté, la trivialité. La bonne volonté même, l'honnêteté de certains d'entre eux m'affligent et m'encolèrent. Comment peuvent-ils être aveugles -- ou complaisants à ce point ? "
Voilà qui est dit et fermement dit.
Dans son second livre posthume, Pirotte paie d'exemple et met en pratique sa vision de la poésie :
La chanson que nul joueur n'écoute
dans l'angle du café s'épuise
et l'on entend battre les cartes
et frapper du poing sur la table,
exactement comme il fait. Et le poème continue :
un mot seulement se détache
trèfle ou cœur sous la lampe sourde
et le tapis vert luit d'usure
et grisonne sous les coudes
il nous reste peu de temps sur terre
et pourtant la chanson recommence
le disque rayé tourne encore
quand s'éteignent les néons du bar
Rien chez lui qui soit clinquant, faux ou trivial.
Jean-Claude Pirotte, Jours obscurs, Cerche midi, 182 pages, 18 € |
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