Ferdinand Alquié, Leçons sur Descartes. Science et métaphysique chez Descartes, La Table Ronde, 286 pages, 10,20 € |
" Certains textes de Descartes sont encore pénétrés d'une sorte d'enthousiasme naturaliste et magique. (...) Descartes déclare que les poètes vont plus loin que les philosophes dans la connaissance des choses, car précisément, ils se laissent porter par l'enthousiasme. Dans le Compendium musicæ, il fait appel à des notions de sympathie entre les choses, notions fort peu scientifiques, mais tout à fait voisines d'une sorte de naturalisme magique, occultiste? C'est ainsi que Descartes admet qu'une peau de mouton, tendue sur un tambour ne rend aucun son quand, à côté d'elle, on frappe sur une peau de loup. Il y a antipathie entre la peau de mouton et la peau de loup, et la peau de mouton demeure silencieuse comme si elle avait peur. "
A ce stade, le libraire ne peut s'empêcher de s'écrier : vive ce Descartes-là !
Mais, corrige aussitôt Ferdinand Alquié : " D'autres textes, au contraire (...) ne sont compréhensibles que par référence à une méthode strictement mathématique, rigoureusement définie. Cette fois, ce qui constitue le fond de ces textes, de n'est plus l'ingenium, ce n'est plus l'esprit humain considéré comme une sorte de génie, qui ne pénètre on ne sait comment les choses ; c'est la raison, ratio, qui suppose une manière stricte de conduire ses pensées par ordre. "
Reste la grande clarté des leçons du professeur Alquié : sous sa plume, dans son langage, complexité ne veut jamais dire complication.
Quelque peu oublié, il fut aussi l'auteur d'une Philosophie du surréalisme qui lui vaut à elle seule la sympathie du libraire.
René Descartes, par Franz Hals |
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