Alain Corbin, La Fraîcheur de l'herbe. Histoire d'une gamme d'émotions de l'Antiquité à nos jours, Fayard, 239 pages, 19 € |
" L'herbe est porteuse d'origine, elle semble garder la saveur des premiers temps du monde. Pour chaque individu qui a été, d'une manière ou d'une autre, en contact avec au cours de son enfance, elle est composante de la scène originelle. Yves Bonnefoy le ressent quand il la retrouve et s'écrie : " C'est mon ici, et même un ici sans le moindre ailleurs. " L'herbe est désirée par l'homme, incrustée dans sa mémoire. (... )
Au milieu du XIXe siècle, Henry David Thoreau dit la sympathie que lui inspirent les hautes herbes qui poussent en lisière des cultures, sur des sols arides et négligés et que dédaignent les fermiers. Elles poussent en touffes de deux pieds de haut sur un de large. L'agriculteur ne condescendra pas à venir faucher ces herbes sauvages. " Mais moi, écrit Thoreau, je me promène hardiment entre les touffes d'herbes (...), heureux de reconnaître ces contemporaines dans leur simplicité. (...)
René Char remonte plus en amont, jusqu'aux sources de la vie : ' A en croire le sous-sol de l'herbe où chantait un couple de grillons cette nuit, la vie prénatale devait être très douce. ' "
Alain Corbin,
La Fraîcheur de l'herbe.
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