Nathalie Rheims, Ma vie sans moi, roman, Léo Scheer, 190 pages, 15,50 € |
Dans ces conditions, votre défile, votre passé revient, la flèche du temps se retourne et tous vos désirs irréalisés reviennent en foule à votre esprit endormi. Lorsque l'on est femme écrivain, voici à quoi le songe peut ressembler : "Une fois devenue la coqueluche du Tout-Paris, il me fallut aussi apprendre à devenir stratège. Je savais certes dire "Merci, merci ", avec des trémolos dont seule Marion Cotillard aurait su décliner les tessitures ; mais je devais rester sur mes gardes et ne pas céder trop vite aux propositions mirobolantes des grandes maisons d'édition. Combien de ces filles, ayant à peine publié un malheureux livre sur leur papa ou leur maman, se roulaient par terre car elles n'avaient pas reçu le prix qu'elles attendaient, persuadées que nulle autre qu'elles ne le méritait ?
Elles changeaient d'éditeur ces folles impatientes, cédant aux promesses d'à-valoir extravagantes et aux assurances de récompenses -- puis, l'année suivante, elles disparaissaient, ensevelies sous les flèches massacrantes de la critique littéraire ou, pire, d'un silence gêné. "
Ma vie sans moi, roman (ce dernier mot a toute son importance, nous allons le voir), est rédigé de bout en bout sur ce mode de l'artiste au bord de la crise de nerf et en plein deuxième ou troisième degré.
Ego-roman, donc, malgré son titre qui est emprunté au recueil de poèmes d'Armand Robin (1912-1961), l'oublié des oubliés, le traducteur d'on ne sait combien de langues au juste, l'écouteur nocturnes des radios, l'inclassable, retrouvé mort au fond d'un commissariat de police on ne saura jamais dans quelles circonstances. De quoi aurait-été tissé le rêve d'Armand Robin dans la salle d'anesthésie ? La question reste pendante.
Armand Robin, Ma vie sans moi, suivi de Le Monde d'une voix, Gallimard, 256 pages, 8,90 € |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire