Le Cantique des cantiques. Sept lectures poétiques : hébreu, grec, latin, quatre traductions en langue française, Diane de Selliers, 208 pages, 29 € |
Tentons, quand même.
Les éditions Diane de Selliers proposent
la lecture de quatre versions différentes de ce texte brûlant d'amour charnel et mystique à la fois qui appartient aux " écrits " (avec les Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste, le Livre de Job, c'est-à-dire les textes les plus
" littéraires " de la Bible).
A telle enseigne, précise Marc-Alain Ouaknin, que " certains ont vu dans le Cantique un chant nuptial, d'autres une pièce de théâtre, d'autres les rêveries d'une promenade solitaire ou encore un concours de poésie ".
On comprend dès lors combien était délicat l'établissement d'une traduction française et combien impossible sa fixation une et définitive. On voit quels enjeux soulevait et soulève encore un texte inséré dans la Bible qui ne mentionne jamais Dieu et peut donc se lire comme un écrit profane.
La juxtaposition sur une même page de quatre traductions historiques (Bible de Jérusalem, Bible Segond, Bible de Zadoc Kahn et Bible Chouraqui), avec en regard les textes antiques (Hebraïca, Septante, Néo-Vulgate) est chargée de surprises. Elle illustre par l'exemple les choix que doit faire le traducteur (ou doivent faire les traducteurs) à partir d'un seul mot pris dans un lexique apparemment " simple ". Ainsi, pour ne donner qu'un exemple parmi beaucoup d'autres possibles, le mot pardès, rendu par " verger ", "paradis ", "jardin ", " jardin de délices ", " jardin de plaisance " ou " parc " par les différents traducteurs au fil des siècles. Et faudra-t-il parler des " jambes " de la bien-aimée, de ses " cuisses " ou de ses "jarrets " ? Et mille nuances qui ont leur poids
Après cette " mise en éclats " du texte, le libraire conseille une lecture, ou relecture, suivie de l'œuvre que l'édition érudite de Diane de Selliers rend aussi possible.
Le Cantique des cantiques, vu par Marc Chagall |
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