jeudi 18 décembre 2014

Si tu reviens jamais danser chez Lavorel...

Il y a chez Dominique Fabre une "petite musique", comme chez Modiano. Comme chez Modiano, encore (mais le librairie ne poussera pas plus loin sa comparaison hasardeuse), le goût des noms propres et de leur répétition dans le texte.
Lavorel, par exemple, dans ce poème, qui rime si bien avec Temporel - la chanson d'André Hardellet ("Si tu reviens jamais danser chez Temporel/ un jour ou l'autre..." que chantait naguère Guy Béart) Comment ne pas faire ce rapprochement-là ?
Les dancings, les bals perdus (nécessairement perdus, là-bas à l'autre bout du temps), les rencontres sur le trottoir, les copains d'enfance disparus, les Gitans, les petites gens, voilà l'ambiance de Dominique Fabre. Un poème ou une chanson-poème pour dire l'impermanence des êtres et des choses, mais pas des sentiments.

Dominique Fabre, Je t'emmènerai danser
 chez Lavorel, Fayard, 12 €


Céline Minard, Ka ta,
Rivages, 10 €

Ka Ta, de Céline Minard, est le fruit d'une résidence d'auteur au Japon (circonstance qui n'est pas nécessairement faite pour rassurer le libraire). Les douze chapitres en forme de kata de ce petit livre n'ont rien de sentimental. Les kata sont, dans les arts martiaux japonais, des exercices d'entrainement au sabre. L'adepte affronte un adversaire imaginaire en s'efforçant de contrôler ses mouvements. Les phrases de Céline Minard ont le coupant du sabre et prennent toutes leurs sanglantes conséquences sur les corps d'en face. Violent.
L'artiste scomparo a encadré le livre de dessins d'où le visage humain est absent.

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