Thomas Schlesser, L'univers sans l'homme, Les arts contre l'anthropomorphisme (1755-2016), Hazan, 287 pages, 56 € |
N'est-ce pas à cette idée que, dans son livre richement documenté, est amené à se rendre l'auteur de L'Univers sans l'homme ? Une idée qu'il affirme avoir vu courir dans l'œuvre des artistes depuis le milieu du XVIIIe siècle, ou du moins dans certains courants de l'art et de la pensée..
" J’essaie de tracer une histoire de l’art qui soit un contrepoint au grand paradigme de la Renaissance faisant de l’homme le point de convergence et la mesure de toute chose ", répond Thomas Schlesser, au journal Libération. Avant de poursuivre : " Mais c’est moi qui fais des lectures de ces artistes en montrant un aspect de leur œuvre qui est anthropocritique, eux-mêmes ne s’affichent pas toujours comme tels. Je fais partie d’une génération qui a grandi dans l’idée qu’il n’y avait rien de pire que l’ethnocentrisme, relayée par Lévi-Strauss ou Aimé Césaire. Et je me suis aperçu que l’histoire que je tentais de raconter était celle d’artistes qui allaient plus loin que la critique de l’ethnocentrisme. Plutôt que de casser le sentiment de centralité d’une civilisation, ils cassent le sentiment de centralité de l’humanité tout entière. C’est la portée sociale et philosophique de l’ouvrage. "
L'expression " l'univers sans l'homme" est empruntée à Baudelaire, qui ne souscrivait pas à cette perspective. Ni André Breton, qui la repéra dans les courants de la sensibilité moderne, pour finir par la rejeter : " Cette fin du monde n'est pas la nôtre ", devait-il écrire dans " La lampe dans l'horloge ", en 1948.
" L’esthétique de l’univers sans l’homme est celle du vertige, physique et métaphysique ", dit encore Thomas Schlesser. Mais quel homme en sera saisi si tous ont disparu, se demande ce nigaud de libraire.
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