Hélène L'Heuillet, Du voisinage. Réflexions sur la coexistence humaine, Albin Michel, 240 pages, 23 € |
Comment sommes-nous passés de cette attitude d'accueil à la conviction de nos contemporains
qu' " avoir des voisins est, pour la majorité des personnes interrogées, un handicap, une gêne, non
une chance " ?
Voilà ce qui fait la matière de l'étude d'Hélène L'Heuillet, qui est philosophe et psychanalyste.
" On élit un quartier ou un village, mais les voisins constituent la grande inconnue de toute installation en un lieu. Les déterminations sociales et culturelles peuvent certes jouer dans l'élection d'un lieu où vivre. C'est même un moyen des plus banals, aujourd'hui comme hier, d'éviter la relation à l'altérité, que de rejoindre un quartier où l'on retrouvera des semblables, sociaux ou ethniques. Mais si nous pouvons savoir à l'avance à quelle classe sociale
ou à quelle communauté appartiendront nos voisins, nous ignorons tout des personnes singulières que nous côtoierons. Nous pouvons prévoir à quelle catégorie socio-professionnelle ils appartiendront, mais nous ne savons pas, sauf exception, qui ils sont. "
Vivons-nous face à face ou " posés les uns à côté des autres ", comme le disait Ramuz ? En dessous ou au-dessus ? Les réflexions d'Hélène L'Heuillet montrent en tous cas qu'habiter c'est toujours voisiner. L'île déserte n'existe plus, comme le découvre la protagoniste du Grand jeu, le roman de Céline Minard dont nous causions il y a peu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire