Francis Hallé, La Condition tropicale, Une histoire naturelle, économique et sociale des basses latitudes, Actes Sud Babel, 702 pages, 12,70 |
Publié il y a cinq ans, il n'est pas près d'être dépassé. Son angle de vue, pour commencer, n'est pas courant. Un botaniste, un homme de science pointu, dont les premiers mots ou presque sont : " Ouvrons la porte aux philosophes et aux poètes ", cela ne se trouve pas sous les sabots d'un cheval.
Non seulement l'information qu'il a réuni pour son étude est aussi précise qu'encyclopédique, mais Francis Hallé n'hésite pas à l'interpréter de façon personnelle en disant " je ". Ce qui constitue une seconde originalité.
Un coup d'œil sur la table des matières permet de juger de l'étendue des sujets abordés : la géographie et le climat (une notion déterminante, bien sûr), mais aussi les données biologiques, anthropologiques et économiques. Et même historiques, quand il s'agira de dater l'apparition des inégalités économiques entre les différentes zones habitées du monde. Jusqu'aux dessins d'arbres ou de poissons qui accompagnent les démonstrations de Francis Hallé sont passionnants.
La Condition tropicale ouvre donc une perspective très différente de celle des sciences hyper-spécialisées, mais en miettes, et dont nul ne parvient à rassembler les petits morceaux accumulés sans fin. Parler de la condition tropicale, c'est aussi parler des parties tempérées du monde ; comparer leur faune et leur flore ; comparer leurs climats, leurs cultures, leurs modes de vie, leurs conceptions du temps et de l'espace. Ce que l'une impose à l'autre comme vision unique de la vie et du bonheur.
Docteur en biologie et en botanique, ancien professeur de botanique à l'université de Montpellier, Francis Hallé a piloté le célèbre radeau des cimes. Tout le monde devrait lire, si ce n'est déjà fait, son petit manuel Du bon usage des arbres, un plaidoyer à l'attention des élus et des énarques.
Francis Hallé, Du bon usage des arbres, Actes Sud, 92 pages, 14 € |
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