Natacha Appanah, Tropique de la violence, Gallimard, 192 pages, 17,50 € |
Je ne peux pas rester là indéfiniment. Je ne peux rien pour lui.
J'ai tué un garçon, là-haut, dans les bois, au lac Dziani. Le pistolet est dans mon sac.
C'est ce qu'il m'a dit ce matin à la grille, dans un français impeccable. Il était à peine sept heures du matin, il faisait déjà chaud et il serrait son sac contre sa poitrine en tremblant. J'ai regardé sa longue cicatrice. Ma joue droite à commencer à tressaillir mais, à part ça, je n'ai rien ressenti. Je n'étais pas surpris, c'était comme si j'avais déjà vécu ce moment-là dans une autre vie et que je savais qu'un jour ou l'autre, il m'arriverait à nouveau la même chose.
J'ai juste pensé Voilà, c'est maintenant. "
Moïse, quinze ans, vient de tirer sur Bruce. Il a scellé son destin.
Natacha Appanah, née à l'île Maurice, comme Le Clézio, comme Malcolm de Chazal, situe son roman sur l'île française de Mayotte. Serti dans un cadre naturel magnifique, le pays est traversé de violences sociales et culturelles dont les journaux de la métropole rapportent régulièrement la chronique. Les rues et les bois sont remplis de Bruce, de Moïse et de Marie, la jolie fille défigurée après avoir été attaquée par une bande de voleurs. Ce sont ces rapports de violence que, sous son titre à la Henry Miller, Natacha Appanah restitue en brefs chapitres, traçants comme la balle qui vient d'abattre Bruce, et dans lesquels les protagonistes viennent tour à tour prendre la parole. Moïse, l'assassin, devra payer le prix fort pour son acte.
Tropique de la violence paraîtra le 28 août prochain.
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