mardi 3 mai 2016

Jonathan Franzen

Jonathan Franzen, Purity, traduit de
l'anglais (Etats-Unis) par
Olivier Deparis, L'Olivier, 744 pages,
24,50 €
" Dans les romans du XIXe siècle -- voyez Zola --, il y a des pages et des pages de descriptions. Nous n'avons plus besoin de celles-ci. Il est fastidieux de lire un, long paragraphe sur le visage de quelqu'un. Nous sommes tellement habitués maintenant à allumer la télé et à voir les images...  (...) L'attention du lecteur est limitée, comme le nombre de mots. Ceux-ci sont mieux employés à évoquer des choses que la télévision ne peut pas montrer. Je suis ravi que la télévision me libère de la responsabilité de décrire un morceau
de tapis. "
C'est ce qu'a déclaré Jonathan Franzen au journal Le Monde, vendredi dernier à l'occasion de la traduction de son nouveau roman, Purity.
Le libraire tique. Le libraire coince. Trouve que le geste est brutal. Car un roman n'est pas une œuvre qui répond aux lois de l'information télévisée (où il en joue délibérément et ceci est une autre histoire).
La description est un art, c'est sûr. Sa longueur, sa précision, notamment, doivent être bien agencées ; l'économie, la sobriété ne sont pas de vains mots. Ni les changements de rythme entre les phrases et à l'intérieur du roman. Mais la description d'un visage à la télévision (ou au cinéma) et la description d'un visage par un bon écrivain sont-elles équivalentes ? Peuvent-elles créer les mêmes effets dans l'esprit du spectateur et du lecteur ? Beaucoup de professeurs de littérature ont soumis le sujet à leurs élèves. Et il valait mieux qu'ils répondent par la négative. Une image " visuelle " et une image intérieure ne sont pas identiques. Les images qui naissent de la littérature, affectent d'autant plus profondément le lecteur qu'elles en appellent à sa liberté d'imaginer, par " leur flou élastique ", disait fort bien Julien Gracq. Aussi précises que l'auteur les aient voulues. Les enchantements du cinéma (ou des images fixes, comme la photo) existent, mais tiennent à d'autres raisons. 
Il reste à aller voir de quoi sont faites les 744 pages du roman de Jonathan Franzen qui vient d'arriver.

Jonathan Franzen



1 commentaire:

  1. J'accuse J Franzen de sous estimer le lecteur en général ..... et le sien en particulier..... finalement il mériterait une bonne correction !
    F

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