Valery Larbaud, Sous l'invocation de saint Jérôme, Gallimard, 341 pages, 23,20 € |
Les théories sur la traduction abondent. Aucune n'épuise son sujet. Les idées de Larbaud sur la question, qui sont celles d'un cosmopolite cultivé, intuitif et libre (denrées rares s'il en est), en valent beaucoup d'autres. Elles ont fait leurs preuves : Whitman, Butler, Joyce... après tout, l'accomplissement n'est pas mince.
Méconnu le traducteur ? Certes : au point que son nom n'a parfois pas droit de cité ou qu'il faut le chercher patiemment avant de le trouver là où l'éditeur l'a caché dans le livre auquel il apporté tous ses soins.
Larbaud ne dit pas le contraire. Mais voyez où il reçoit son salaire :
" Les joies et les profits du traducteur sont grands et dignes d'envie. Voilà un poème, un livre entier qu'il aime, qu'il a lu vingt fois avec délice et dont sa pensée s'est nourrie ; et ce poème, ce livre ne sont pour son ami, pour les personnes qu'il estime et auxquels il voudrait faire partager tous ses plaisirs, que du noir sur du blanc, le pointillé compact et irrégulier de la page imprimée, et ce qu'on appelle "lettre close". "Attendez un peu", dit le traducteur, et il se met au travail. Et voici que sous sa petite baguette magique, ce qui n'était qu'une triste et grise matière imprimée, illisible, imprononçable, dépourvue de toute signification pour son ami, devient une parole vivante, une pensée articulée, un nouveau texte tout chargé du sens et de l'intuition qui demeuraient si profondément cachés, et à tant d'yeux, dans le texte étranger. Maintenant, votre ami peut lire ce poème, ce livre..."
Chapeau, Monsieur Larbaud !
Librairie A la Page. Vitrine pour la parution du Journal de Valery Larbaud. |
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