Antonio Moresco, Fable d'amour, traduit de l'italien par Laurent Lombard, Verdier, 125 pages, 14 € |
se croiser et s'inverser : la belle deviendra la clocharde ;
et l'ancien clochard renaîtra. Rosa ira s'étiolant tandis que le vieux fou, Antonio, rajeunira. De nouveau, "le vieux fou
et la merveilleuse fille folle" se retrouveront, mais, pour ainsi dire, à front renversé, en miroir.
Au début, c'est elle qui lui offre le gîte, l'accueille dans son logis, le lave de ses poux et l'entoure de ses bras. A la fin, c'est lui qui lui ouvre la porte de sa maison, une belle maison qu'il avait depuis longtemps abandonnée sans même en avoir fermé la porte.
Une seule chose semble exister dans la continuité entre ces êtres et, peut-être, dans le monde : l'amour. L'amour comme première et dernière utopie, comme transfiguration.
L'écriture d'Antonio Moresco (Antonio, comme le vieux fou) dans ce conte pour adultes, est personnelle, à la fois naturaliste et poétique. Une réussite.
Extrait :
" Le vieux fou fit un autre pas vers elle, s'agenouilla sur le trottoir pour la voir de plus près.
Elle lui prit ses mains glacées, muette d'émotion.
Il se coucha à côté d'elle sur l'asphalte froid.
A présent, ils étaient l'un en face de l'autre, couchés sur un des trottoirs de cette ville infinie des morts plongés dans le sommeil.
Ils se regardèrent un long moment, sans réussir à parler.
Jusqu'à ce que leurs yeux se ferment.
Ils s'endormirent par terre, enlacés, front contre front, crinières réunies, tandis que, du ciel, la neige commençait à tomber lentement. "
Le fabuliste |
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