mercredi 30 novembre 2016

Un message de François Busnel

Voici le texte du message publicitaire
lu par François Busnel sur les ondes de France Inter :
 
 
François Busnel a raison : prenez racine !
rejoignez-nous samedi prochain, 3 décembre, 16 heures,
la rencontre aura le visage (plaisant, non ?)
de la séduction.
Avec Patrice Rötig et les éditions Bleu autour
à l'occasion de la sortie de leur beau livre.
 
 


mardi 29 novembre 2016

Garcia Lorca, poésies in extenso

Federico Garcìa Lorca, Polisseur d'étoiles,
œuvre poétique complète, traduite de
l'espagnol par Danièle Faugeras,
Erès, 1142 pages, 25 €

Dans l'atmosphère de surproduction qui entoure (non : enserre, non : étouffe) les librairies, des besoins éditoriaux subsistent. Combien d'entre vous auraient mis à leur main à couper que les poèmes de Federico Garcìa Lorca  (1898-1936) étaient disponibles en leur totalité en langue française ? Oui, combien ?
Tous ceux-là se seraient trompés.
La première édition complète des poèmes de Lorca vient de paraître il y a  quelques mois. Elle est l'œuvre de Danièle Faugeras qui a mené à bien seule ce projet de plus de onze cent pages.
Il en résulte un petit format carré, très plaisant à posséder dans sa main, très dense, et dont le libraire n'aura pas l'outrecuidante légèreté de juger en deux mots la qualité foncière : il faut, pour peser une traduction, posséder la langue de départ aussi bien que celle d'arrivée. Ce n'est pas dans la ville de Valery Larbaud que l'on oserait prétendre le contraire devant un travail qui présente, en outre, toutes les garanties de sérieux et d'engagement sincère.
Demeure avérée la grâce de lire en français :

La lune est ronde.
Alentour, une noria

de miroirs.
Alentour, une roue
d'eau.
La lune s'est fait des tranches
ainsi qu'un pain d'or blanc.

Et la lune, derechef, mais plus durement vécue au-dessus de New York, en 1929-1930 :

Moi j'avais tué la cinquième lune.
Eventails et bravos buvaient l'eau aux fontaines.

Le tiède lait ancien des nouvelles accouchées
agitait les roses d'une longue douleur blanche.

Le lecteur aura l'occasion de lire une des versions canoniques de ces vers extraits du Poète à New York dans la version de Guy Lévis Mano que republient les éditions Fata Morgana. Le volume est illustré des formidables dessins d'Alecos Fassianos. Ils en décuplent le charme.


Federico Garcìa Lorca, Le Poète à New York,
traduit par Guy Lévis Mano, Fata Morgana,
112 pages, 23 €
 



lundi 28 novembre 2016

Le catalogue de la fin d'année

Enfin, le voilà,
le catalogue beaux livres 2016 !
On n'en finirait point d'énumérer ses richesses
qui concernent tous les rayons : les beaux-arts, la mode, la nature,
l'histoire, la littérature, la jeunesse. Notamment.
Il est gratuit, à réclamer à la caisse

ou à prendre sur le canapé rouge.
Karine Tuil en a rédigé la préface
 


dimanche 27 novembre 2016

Le Mexique et ses artistes s'exposent

Mexique1900-1950. Diego Riviera, Frida Kahlo, José
Clemente Orozco et les avant-gardes,
RMN, 344 pages, 45 €
Le Grand Palais, à Paris, abrite jusqu'au 23 janvier prochain une exposition consacrée aux artistes mexicains de la première moitié du XXe siècle et intitulée " Mexique des Renaissances ".
Pour André Breton, " le Mexique était le lieu surréaliste par excellence " et l'on connaît ses liens avec les deux principaux animateurs de la peinture et des idées dans le Mexique des années 1940 : Frida Kahlo (1907-1954) et Diego Riviera (1886-1957).
Ce sont naturellement eux que l'on retrouve au centre de cette exposition et du livre qui l'accompagne. Ce sont aussi des artistes moins connus en Europe, mais qui attestent d'un grand bouillonnement créatif, plastique et idéologique.
Après que nombre des artistes mexicains exilés furent rentrés dans leur pays (beaucoup s'étaient fixés à Paris), ils cherchèrent à y développer leur propre avant-garde en s'appuyant certes, sur la tradition nationale, mais en tournant également leurs regards vers l'avenir en produisant, par exemple, un
" muralisme " aujourd'hui réputé dans le monde entier.
C'est ce double mouvement, de l'Europe vers l'intérieur du Mexique, de l'école de Paris à l'école mexicaine et du passé vers le futur, que permet de saisir le " Mexique des Renaissances ".
Une chronologie, une bibliographie des artistes exposés et une bibliographie concluent ce plantureux catalogue.
Le libraire signale que les jeunes lecteurs pourront se familiariser avec Frida Kahlo grâce à l'intelligent album de Sébastien Pérez (pour le texte) et Benjamin Lacombe (pour l'illustration) : Frida. Il a été fait appel à la correspondance de l'artiste pour enrichir ce texte et la rendre aussi vivante que proche.
Sébastien Pérez et Benjamin Lacombe, Frida,
Albin Michel, 72 pages, 25 €

samedi 26 novembre 2016

Samedi BD (19)

Le prochain SAMEDI BD, dernier de l'année 2016, aura lieu le 10 décembre prochain.
En attendant, Géraldine avait évoqué les cinq albums suivants
lors de la dix-neuvième édition :
 
Pénélope Bagieu, Culottées 1,
Gallimard, 142 pages, 19,50 €

Christian De Metter, Nobody,
Noctambule, 74 pages, 15,95 €

Maël et Kris, Notre Amérique,
Futuropolis, 58 pages, 16 €


Marc-Antoine Mathieu, Otto. L'homme réécrit,
Delcourt, 82 pages, 19,50 €

Campi et Zabus, Magritte.
Ceci n'est pas une biographie, Le Lombard,
64 pages, 14,99 €
 
 
 

vendredi 25 novembre 2016

Connaissez-vous Martin Buber ?

Dominique Bourel
Directeur de recherche au CNRS
et auteur de la biographie
Martin Buber, sentinelle de l'humanité

 
prononcera une conférence
sur le grand philosophe du dialogue
 Martin Buber (1878-1965)
intitulée :
De vienne à Jérusalem :
Martin Buber un humaniste de notre temps
DIMANCHE 4 DECEMBRE A 17 HEURES
au Temple protestant
10, rue Max Durand-Fardel à Vichy.

La conférence est organisée par
l'association Théodore Monod, l'Amitié judéo-chrétienne de Vichy
et l'association Anne Frank.
Son entrée est libre.



jeudi 24 novembre 2016

La nouvelle vie des plantes

Jacques Tassin, A quoi pensent les plantes ?,
Odile Jacob, 155 pages, 19,90 €
Peut-on réfléchir non pas sur les plantes, les feuilles, les fleurs, mais en se mettant dans la peau, si l'on ose s'exprimer ainsi, des plantes, des feuilles, des fleurs ?
Jacques Tassin, chercheur en écologie végétale, s'est avancé sur ce terrain, ouvrant de jolies avenues sur la sensibilité des plantes, sur leur capacité de mouvement et de communication, et sur l'ensemble des dispositions qui les lient à leur milieu.
Le libraire a notamment relevé un passionnant chapitre V, consacré à la temporalité, mais oui Monsieur, mais oui Madame, chez les plantes :
" La dimension temporelle du végétal nous échappe. Celui-ci se révèle toujours croissant, inachevé, ballet vivant obéissant de surcroît à une temporalité très éloignée de la nôtre. Car le temps de l'homme et celui du végétal ne sont ni synchrones, ni contemporains ni même semblables... Aussi ne pouvons-nous imaginer le temps de la plante à sa vraie mesure. De la plante, nous ne percevons jamais qu'une apparence statique et indifférente, figée dans la forme et les couleurs qu'elle revêt à l'instant où notre regard s'y pose.
De sorte que nous ne parvenons jamais à envisager tout à fait la manière intime dont chaque plante glisse dans la coulée du temps, un temps qui se révèle particulièrement multiforme. "
Emanuelle Coccia, maître de conférence à l'EHESS -- un poste qui ne semble pas lui avoir aliéné la nature -- semble avoir suivi un chemin parallèle, mais dans des termes philosophiques ambitieux. Déjà auteur de La Vie sensible, il s'attache à donner aux végétaux une place qui leur a été longtemps refusée dans la métaphysique à travers une théorie de la feuille, de la racine et de la fleur. 
Celle-ci, écrit Coccia, " est tout d'abord un attracteur : au lieu d'aller vers le monde, elle attire le monde vers elle. Grâce aux fleurs, la vie végétale devient le lieu d'une explosion inédite de couleurs et de formes, et de conquête du domaine des apparences. "

Emanuele Coccia, La Vie des plantes. Une
métaphysique du mélange, Rivages,
192 pages, 18 €

mercredi 23 novembre 2016

La simpicité en littérature

" J'aime l'écrivain au style nu. J'aime la simplicité dans la littérature. J'aime les gens simples, car c'est signe qu'ils sont humains. C'est difficile d'être simple. C'est facile d'être compliqué (...)
La voie de la perfection, c'est de se rendre de plus en plus simple. "

-- Malcolm de Chazal, " Le simple et le nu ", Comment devenir un génie, Philippe Rey, 2006

Portrait d'Emile Verhaeren, par Théo van Rysselberghe (1915)

mardi 22 novembre 2016

Séduire à la Belle Epoque

Patrice Rötig, responsable des éditions Bleu autour,
 sera présent au 5 de la rue Sornin
SAMEDI 3 DECEMBRE à 16 heures
pour présenter l'une des dernières parutions
de la maison d'édition de Saint-Pourçain :
De la séduction...
Ce beau livre est tout autre chose qu'aguicheur,
quoique fort attirant. A travers la reproduction
de plus de 300 cartes postales de la Belle Epoque
et des années folles,
il nous propose une promenade légère et érudite à la fois
sur le thème de la rencontre, du désir, de sa soudaineté,
de son assouvissement conjugal
... mais pas seulement.
Sous la direction de Marie-Paule Caire-Jabinet
et après une préface signée Marie-Hélène Lafon,
Corinne Legoy,Alain Quella-Villéger,
Juliette RennesMarianne Rötig, Aïcha Salmon,
Christelle Taraud et Sylvain Venayre
ont tour à tour apporté leur pierre à  ce bel édifice.
 
 
Notons, enfin, que la rencontre se terminera autour d'un verre
de Ficelle de Saint-Pourçain 2016.

lundi 21 novembre 2016

Arthur Cravan, amoureux transi

Arthur Cravan, Trente-cinq lettres à Sophie Treadwell,
édition, retranscription et notes de Bertrand Lacarelle,
Cent pages, 36 pages, 15 €
" Ce vendredi,
Chère Sophie,
Toujours rien de toi. Dois-je t'aimer ? graves problèmes. Tu sais que si tu ne reviens pas dans deux mois je partirai pour ne plus revenir. Je me prends de haine pour New-York. Cette grande ville est extrêmement dangereuse. Je ne devrais peut-être pas employer le mot dangereux car j'ai trop de volonté et rien ne saurait m'écraser. C'est une ville qui est construite pour les masses, pour canaliser les foules : l'individu disparaît. Hier encore j'observais les automobiles s'avancer par colonnes et je songeais à la charmante émancipation du fiacre parisien. Naturellement, je ne veux pas plier et c'est des luttes épuisantes entre mon cœur et la métropole. Et puis, tout le monde a peut-être une âme mais tout le monde n'a pas une destinée. Tu as dû remarquer, si tu as un peu d'instinct, que je ressemble aussi peu que possible à tout le monde. (...) "
Ceci est un extrait de l'une des trente-cinq lettres adressées par Arthur Cravan à Sophie Treadwell. Arthur Cravan (1887-1918), neveu d'Oscar Wilde, boxeur, séducteur, organisateur de scandales et poète sui generis. Sophie Treadwell (1885-1970), journaliste américaine, future dramaturge à succès, nous apprend Bertrand Lacarelle en ouverture à ce livre que proposent les éditions Cent pages
Cent pages dont le catalogue est d'une constante originalité. Une vraie originalité, qui explique sans doute qu'elle ne se vaut jamais la une des gazettes.
L'ouvrage, hardiment typographié, se présente sous une gaine de papier cristal et comporte photographies et fac-similés de documents d'époque. Histoire de restituer un peu de l'esprit de Cravan lui-même. Une parfaite réussite qui, comme l'indique ironiquement son éditeur,
" a certainement sa place dans la surproduction contemporaine ".

dimanche 20 novembre 2016

Léonard Cohen dans l'ombre de nos nuits

" J'écoutais en boucle dans mes oreillettes
la voix grave et ombreuse de Leonard Cohen
me murmurer Dance Me To the End of Love,
caresse et mantra tout à la fois. "
 
 Gaëlle Josse, L'Ombre de nos nuits (page 31)
 
En manière de remerciement à Gaëlle Josse,
le libraire vous propose ce dimanche 
d'écouter Léonard Cohen (1934-2016),
récemment parti dans l'ombre de nos nuits.
 

samedi 19 novembre 2016

Gaëlle Josse parmi ses lecteurs

18 novembre 2016,
Gaëlle Josse
au 5, rue Sornin à Vichy





L'Ombre de nos nuits, Prix des Lecteurs A la Page 2016,
est publié chez Notab/Lia

vendredi 18 novembre 2016

Nous sommes les gens de qui nous parlons

Emmanuel Guibert, Martha et Alan, d'après les
souvenirs d'Alan Ingram Cope, L'Association,
116 pages, 23 €
Cet album vient couronner, en quelque sorte,
La Guerre d'Alan, trilogie en bandes dessinées qu'Emmanuel Guibert a consacré à Alan Ingram Cope, son ami américain mort en 1999.
Martha et Alan relate l'amitié, quasi-amoureuse et née dans l'enfance, de deux êtres. Ils seront séparés vers l'âge de douze ans ; se reverront une seule fois, six ans plus tard ; entretiendront une corres-
pondance la soixantaine venue. Mais chacun a
fait sa vie de son côté. Martha s'est mariée.
Alan est resté en Europe.
Emmanuel Guibert a pu utiliser cette correspondance et placer en exergue de son album cette magnifique phrase de son ami Alan : 
" Nous sommes les gens de qui nous parlons. " 
Le rêve, la douceur et le tact imprègnent les dessins de Guibert qui débordent les cases, les annulent, pour envahir la page entière ou les deux pages en
vis-à-vis. En cela, quoique conservant leur contour noir, ils se rapprochent de l'esthétique du tableau plus que de la bande dessinée.
Le texte, très économe, est touchant dans sa simplicité, comme la lettre de Martha à Alan reproduite à la fin du volume. " Je me souviens que tu as été le seul, en maternelle, à me soutenir quand j'ai déchiré la robe de Katherine (ou de quelqu'un d'autre) en jouant au jeu du mouchoir. Je ne voulais pas admettre que je l'avais fait et tout le monde m'a tourné le dos, sauf toi.
Te souviens-tu de cela ? "

jeudi 17 novembre 2016

Chic, les lecteurs choisissent le " support papier " !

Quelle vilaine expression, quand même, que celle de " support papier " !
Mais qu'est-ce qui fait ce matin bicher (" se réjouir ", selon la définition du Larousse 2016) le libraire ? Eh bien, ce qui se dit des livres dans les colloques. C'est Livres Hebdo, le magazine des professionnels de l'édition, qui parle :

" D’un point de vue économique, le numérique n’a pas beaucoup pénétré le marché du livre. "Le poids du numérique dans le chiffre d’affaires du livre était de 2 % fin 2014 alors qu’il représente un tiers, voire la moitié, de celui de la vidéo, de la musique et des jeux vidéo " (1)
Cette faible pénétration du numérique du premier produit culturel français, s’explique par une forte concentration du nombre de librairies par habitant mais également à un choix des lecteurs. "Pour eux, le contact avec le support papier est très important. De plus, il est plus facile d’appréhender la durée de la lecture avec un livre qu’avec une liseuse ", assure Coralie Piton. (2)
Dernier argument : le budget. " Un lecteur moyen achète une dizaine d’ouvrages de qualité, sortis récemment, pour un budget annuel moyen de 120 €. Or, c’est le prix, à l’année, des offres par abonnement en ligne qui proposent, eux, un catalogue assez pauvre ", analyse-t-elle. "

La " faible pénétration du numérique " (une heureuse expression de plus), " le nombre de librairies " et, cerise sur la gâteau, le "choix des lecteurs ", le libraire les soupçonnaient fort. Mais si, en plus, les colloques (" débat entre plusieurs personnes sur des questions théoriques ", selon Le Petit Robert 2016) le disent ...


(1) Le libraire croit utile de préciser que ce résultat annoncé de 2% est en bonne partie dû aux prescriptions des bibliothèques et autres centres de documentation.
(2) Directrice de la stratégie et du livre de la FNAC, amie bien connue du " support papier ".


Affiche célébrant les vingt ans
d'Actes Sud junior

mercredi 16 novembre 2016

Bon bec de Vichy

" Il n'est bon bec que de Paris ",
assurait François Villon.
Fabienne Pouradier et la confiserie Moinet
prouvent qu'il est aussi
bon bec de Vichy.
La preuve en sera très bientôt administrée par la parution de
Moinet au cœur de la confiserie Vichyssoise,
un beau livre illustré
que son auteur viendra dédicacer le 10 décembre prochain.
Nous en reparlerons.
 
 
Quant à maître François, à qui le libraire ne cherche pas de noises,
tout mauvais garçon qu'il fût,
on peut le retrouver dans la toute récente
biographie que lui consacre Sophie Cassagnes-Brouquet.
Très clair et complet, ce portrait s'accompagne
de nombreux fragments de poèmes mis en français d'aujourd'hui.



Sophie Cassagnes-Brouquet, " De moi, pauvre,
je veux parler ". Vie et mort de François Villon,
Albin Michel, 350 pages, 20,90 €

 

mardi 15 novembre 2016

Pour le 18 novembre

" Laurent, mon autre apprenti est plus vif, plus à l'aise avec le dessin
et le maniement des couleurs.
Je le vois faire. Son trait est sûr, il n'hésite pas longtemps pour tracer un sujet sur la toile.
Pas assez, peut être, mais j'étais ainsi dans ma jeunesse.
Il fallait que ma main exécute aussitôt ce que j'avais en tête.
 C'est en avançant dans mon art que je m'interroge davantage. "
 
Gaëlle Josse, L'ombre de nos nuits.
 

Gaëlle Josse sera l'invitée de la librairie A la Page
VENDREDI 18 NOVEMBRE A 18 HEURES

jeudi 10 novembre 2016

Renaissance de Lucky Luke

Acgdé et Jul, La Terre promise, Lucky Comics,
48 pages, 10,60 €
Dans l'actualité Lucky Luke, sans rapport aucun avec certaines nouvelles venues d'Outre-Atlantique, le libraire a relevé trois nouveaux accomplissements.
La Terre promise est le premier d'entre eux, qui prolonge les aventures du célèbre cow-boy au-delà de la mort de Morris et Goscinny. Achdé, pour le dessin, et Jul, pour le scénario, ont repris le flambeau. C'est un pan de l'histoire des Etats-Unis qui est intelligemment évoqué dans le scénario : l'arrivée des immigrants juifs sur le sol américain. Et le mimétisme du dessin entre Achdé et Morris est avéré. De sorte que si vous posez la question : " esprit es-tu là ? " (esprit des pères fondateurs), la réponse est : oui.
Le libraire a ensuite noté la parution de Lucky Luke, recettes pour bien nourrir son cow-boy (allez les dames : au fourneau !). Au menu : cinquante recettes inspirées par les aventures du gardien de vaches qui tirait plus vite que son ombre. Ce livre de cuisine est illustré de nombreux extraits des albums. Rien n'y est vraiment léger, bio ou vegan, moins encore. Il paraît que le tout a été essayé et approuvé par les Dalton.
C'est précisément des frères Dalton dont il est question dans le dernier accomplissement observé par le libraire : la vraie histoire des vrais Dalton, narrée par l'authentique Emmett Dalton, un des quatre frères, et remise en vente par les éditions Payot. L'occasion de parfaire notre connaissance des personnages du second rayon. Les parents de l'horrifique gang, James  Louis Dalton et Adeline Younger-Dalton, donnèrent naissance à quinze enfants. Quatre seulement se firent remarquer par leurs blâmables activités.

Emmet Dalton, Le Gang des Dalton.
Notre véritable histoire, traduit par Emmanuelle et
François Prado, Petite bibliothèque Payot,
206 pages, 8 €


mercredi 9 novembre 2016

Rencontres avec Giacometti

Alberto Giacometti, Je fais certainement
de la peinture..., Hermann, 63 pages, 8 €
Les écrits des peintres et des artistes ont souvent la franchise, le côté direct et spontané qui manquent parfois à l'écrivain et au critique -- surtout à l'écrivain et au critique de profession.
Ainsi  Alberto Giacometti fit la réponse suivante à une question relative à son art et à ses motivations : " Je fais certainement de la peinture et de la sculpture et cela depuis toujours, depuis la première fois que j'ai dessiné ou peint, pour mordre sur la réalité, pour me défendre, pour me nourrir, pour grossir ; grossir pour mieux me défendre, pour mieux attaquer, pour accrocher, pour avancer le plus possible sur tous les plans, dans toutes les directions, pour me défendre contre la faim, contre le froid, contre la mort, pour être le plus libre possible ; le plus libre possible pour tâcher -- avec les moyens qui me sont aujourd'hui les plus propres -- de mieux voir, de mieux comprendre ce qui m'entoure; de mieux comprendre pour être le plus libre, le plus gros possible, pour dépenser, me dépenser le plus possible dans ce que je fais, pour courir mon aventure, pour découvrir de nouveaux mondes, pour faire ma guerre, pour le plaisir ? pour la joie ? de la guerre, pour le plaisir de gagner et de perdre. "
Ces lignes, qui montrent bien à quelle hauteur Giacometti situaient ses ambitions, se trouvent dans Je fais certainement de la peinture, petit volume d'écrits et d'entretiens qui vient de paraître.
Le lecteur complètera sa rencontre avec Giacometti grâce au portrait chaleureux, devenu un classique, qu'en traça naguère Jean Genet sous le titre de L'Atelier de Giacometti.
Il ne lui sera pas interdit de se procurer un récent Picassso/Giacometti, chez Flammarion. Le parallèle proposé entre les deux artistes permet de se repaître de nombreuses reproductions de leurs œuvres.

Jean Genet, L'Atelier d'Alberto Giacometti;
Gallimard, 96 pages, 21,50 €

mardi 8 novembre 2016

Femmes poètes et culottées

Françoise Chandernagor, Quand les femmes
parlent d'amour, une anthologie de la
poésie féminine, Cherche Midi, 252 pages
19 €
Laissant derrière nous les femmes soi-disant sorcières d'un tout récent billet (c'était le 6 novembre), le libraire s'est penché sur les femmes poètes à travers l'anthologie de Françoise Chandernagor.
Bonne idée s'il en est.  Un peu prudente quand même ou imprudente, cela dépend : " on regrette cependant, écrit Françoise Chandernagor dans sa préface, que le corps de l'amant soit si rarement décrit (...) aucune femme n'a jamais écrit le ' blason ' du corps masculin. "
Et le libraire de penser derechef (voir son billet du 15 octobre) à Mireille Sorgue, si ce n'est aux poèmes 
" nocifs " de Joyce Mansour ou, plus secrète encore, à Anne-Marie Beeckman. Ou à Valérie Rouzeau :

A quatre heures du matin sous la lune il sort
En costume d'Adam mon amant va respirer la rose
La rose éclose dans la cour grise
A quatre heures nu sous la lune la ville aurait pu le voir
avec la rose
Alors j'ai grimpé à son cou
Comme un lierre comme trémière
La rose.

                     
 (Quand je me deux, Le Temps qu'il fait)

Enfin, ça lui est une joie, au libraire, de retrouver SaphoMarguerite de Navarre, Catherine Pozzi ou Anne-Perrier (francophone, mais pas française) et bien d'autres.
C'est une autre forme d'anthologie  qu'a concocté Pénélope Bagieu. Un hommage en dessinées à quinze femmes d'exception. Son titre : Culottées. Pour souligner leur audace, qu'elles soient nageuses ou impératrices, gardiennes de phare ou travailleuses sociales ; qu'elles aient vécu dans l'Antiquité, il y a deux siècles ou de nos jours.
Pénélope Bagieu, Culottées 1, Gallimard,
142 pages, 19,50 €

 

lundi 7 novembre 2016

Querelles de bandeau

Entourant chacun des exemplaires du roman de Gaël Faye, Petit pays,
le libraire vient d'aviser
le bandeau suivant, tout frais sorti de l'imprimerie,
et jaillissant des nombreux cartons qu'il ouvrait le matin :
 

Soit il s'agissait d'un lapsus de son éditeur (la maison Grasset),
soit d'un peu diplomatique oubli
qu'il existe des libraires indépendantes,
soit de l'étourderie de quelque magasinier à qui
l'on pourrait faire porter le chapeau -- pardon, le bandeau.
Toujours est-il que le libraire courroucé eut tôt fait
de corriger la situation en lacérant la bande de papier coupable
et en la remplaçant par une signalisation domestique,
populaire sur toute la planète :


Le roman de Gaël Faye restant en compétition
pour le prix Interallié, c'est un nouveau bandeau qu'il portera
peut-être demain.

dimanche 6 novembre 2016

Chasseurs de sorcières

Carole Sandrel, Le Sang des sorcières,
François Bourin, 324 pages, 22 €
On le savait , au moins depuis Michelet, relayé par des historiens des années 1950 et certains de leurs successeurs : un crime de masse fut commis contre les femmes accusée de sorcellerie au Moyen-Âge.
La comptabilité du nombre de mortes varie selon les sources, mais elle reste effroyable.
Les poètes, les théologiens, les démonologues et, sans doute, la misogynie ordinaire, préparèrent de longue date le terrain et poussèrent les présumées sorcières vers les bûchers, comme le pose au départ de son enquête Carole Sandrel.
Ainsi Du Bellay :
... Tu es une attise-querelle,
Tu es sorcière et maquerelle,
Tu es hypocrite et bigote,
Et toujours ta bouche marmotte ...

Ainsi Ronsard, celui de "mignonne allons voir si la rose" :
... vieille sorcière deshontée,
Que les bourreaux ont fouettée
Te honnissant de coups...

Ainsi Platon, qui décréta : " Il n'y a que les hommes qui ont été créés directement par les dieux  et qui possèdent une âme. " Et les Pères de l'Eglise ne furent pas en reste dans cette curée. Ainsi Thomas d'Aquin : " La femme est quelque chose de défectueux et de manqué. "
Le Sang des sorcières instruit un contre-procès, qui retrace l'histoire de la chasse aux sorcières et nomme ses acteurs au cours des siècles (avec la période 1560-1630 comme apogée), ainsi que ses quelques courageux opposants. Et l'auteur propose en conclusion une réhabilitation mémorielle des soi-disant sorcières dont on connaît le nom.
De son coté, Folio réédite l'essai romantique que Michelet a composé comme une tragédie, et à qui l'on reprocha de s'être abandonné à une apologie du démonisme : La Sorcière.

Michelet, La Sorcière, préface de
Richard Millet, Folio classique,
480 pages, 5,90 €
 

samedi 5 novembre 2016

Yonnet et Calet : deux Parisiens considérables

Jacques Yonnet, Troquets de Paris,
L'Echappée, 367 pages, 22 €
Jacques Yonnet (1915-1974) fut, et demeure, l'une des incarnations de l'esprit parisien. Une cohorte de fidèles lecteurs (célèbres et anonymes) s'est reconnue dans sa Rue des Maléfices (Phébus), " hénaurme " chronique du centre de Paris pendant l'Occupation. "Il n'est pas de Paris, il ne sait pas sa ville, celui qui n'a pas fait l'expérience de ses fantômes ", déclarait Yonnet dans son livre publié en 1954.
La vie de comptoir, souvent clandestine et nocturne, tenait déjà dans cette " chronique secrète d'une ville " une place éminente. Les phénomènes les plus étranges ; les légendes les plus fantastiques ; les complots les plus fous s'y développaient.
La parfaite assiduité de Yonnet lui assura une grande science es-bistrots que le journal L'Auvergnat de Paris lui demanda, au tout début des années 1960, de convertir en articles taverniers.
D'où ce fort avenant volume, Troquets de Paris, au plaisant bouquet, dans lequel sont aujourd'hui serrés souvenirs, rencontres insolites, variations et autres racontars de troquets. Ainsi que de précieux et authentiques points d'histoire. Défilent, entre VillonAndré Hardellet et Claude Seignolle (insigne connaisseur du Paris fantastique), les sites et les personnages de la seconde ville ; de l'envers du décor ; de l'infraville, selon sa propre expression.
Le livre reproduit judicieusement des dessins de rues, de cafés ou de figures amies signés Jacques Yonnet
Henri Calet (1904-1956) fut, lui aussi, un Parisien accompli, comme l'attestent Les Grandes largeurs ou le Tout sur le Tout, deux livres-clés de ce citoyen du XIVe arrondissement. Les Deux bouts (pensez à l'expression : " joindre les deux bouts ") consiste en une série de reportages commandés en 1953 à l'auteur par Le Parisien libéré. Calet y donnerait la parole à des gens modestes. Un chauffeur de taxi, une esthéticienne, des commerçants, une jeune étudiante dont nous suivons l'emploi du temps, visitons parfois l'intérieur ou suivons le déplacement, comme ce contrôleur d'autobus.
Avec tact, précision et un soupçon d'ironie (moins présente toutefois qu'ailleurs chez Calet car, ici, il s'agit de respecter l'interlocuteur), se déroule une sorte de frise largement aussi parlante, et plus vivante, qu'une enquête de sociologie sur le Paris de ces années.
Certains portraits sont très touchants. Comme celui de M. Ahmed Brahimi, qui construit les maisons des autres, les maisons qu'il n'habitera jamais : son souci à lui est de trouver un hôtel dont on il ne sera pas fichu à la porte sans motif. A moins, bien sûr, qu'il ne paie la " reprise " exorbitante que lui réclament soudain de verser les marchands de sommeil.
Henri Calet, Les Deux bouts,
Héros-limite, 224 pages, 18 €

vendredi 4 novembre 2016

Gaëlle Josse en lauréate

Gaëlle Josse, L'ombre de nos nuits,
Notabilia/Noir et Blanc, 198 pages, 15 €
Gaëlle Josse, prix des lecteurs A la Page 2016 pour son roman L'ombre de nos nuits (Notabilia/Noir et Blanc) sera présente au 5, rue Sornin Vendredi 18 novembre à 18 heures, pour rencontrer le public vichyssois.
Le libraire distillera plusieurs gouttes de cet élixir d'ici le 18 novembre. Petit extrait du jour :

" J'ai en tête ce que je veux pour cette composition, j'espère être capable de donner vie à cette scène que je porte en moi. Il me suffit de fermer les yeux pour la voir apparaître.
Je dois ajouter quelque chose : depuis quelques jours, une idée m'est venue pour cette toile, j'ose à peine me l'avouer. Je l'ai longtemps tournée dans ma tête, tant elle m'effraie, mais ma décision est prise maintenant. C'est au roi de France que la destine, mais je n'en dirai rien à personne pour le moment. Si je la juge digne de lui être présentée, et je serai le seul à en décider, je solliciterai l'honneur de venir à Paris la lui montrer. S'il décidait de l'acquérir, ma fortune et ma gloire seraient faites. "

L'ombre de nos nuits, outre le prestigieux prix des lecteurs, s'est également valu le prix France Bleu-Page des libraires.

jeudi 3 novembre 2016

Beauté de l'évolution et évolution de la beauté


Darwin, L'Origine des espèces,
Traduction d'Edmond Barbier,
GF, 621 pages, 12 €
Le libraire a lu les lignes suivantes dans le journal 
Le Monde du 26 octobre dernier :
" Partout, les écosystèmes sont menacés, et rien ne semble pouvoir enrayer  la tendance. Alors que les pressions humaines sur l'environnement ne cessent de s’aggraver, plus de la moitié du vivant, parmi les vertébrés, a disparu ces quarante dernières années. C’est sur ce nouveau constat alarmant que s’ouvre la onzième édition du rapport Planète vivante, un vaste bilan de santé de la Terre et de sa biodiversité ", publié par le Fonds mondial pour la nature. "
Les causes de ces reculs sont connues : ils sont imputables, en premier lieu, à la perte et à la dégradation de l'habitat, sous l’effet de l'agriculture, de l’exploitation forestière, de l’urbanisation ou de l’extraction minière. Viennent ensuite la surexploitation des espèces (chasse, pêche, braconnage), la pollution, les espèces invasives et les maladies et enfin, de manière plus marginale pour l’instant, le changement climatique. "
 Le moment est donc amplement venu de faire quelque chose et... d'admirer les époustouflantes photographies animalières de Robert Clark pour Evolution, la théorie en images.
Ce sont oiseaux, reptiles, habitants des mers, insectes et mammifères photographiés par un collaborateur de National Geographic. La précision des clichés qui met en valeur chaque plume, bout d'écaille, carapace, épine, antenne ou ale de papillon est confondante.
Le livre comporte une introduction qui pose les grandes idées de la théorie darwinienne et chaque photographie est l'occasion d'un approfondissement par l'exemple.
Le libraire en est resté bouche bée. Comme l'enfançon qui voit sa première libellule. Le sentiment de la beauté contribuerait-il à protéger la nature ?


Evolution. La théorie en images, Photographies de
Robert Clark. Avant-ptopos de David Quammen.
Texte de Joseph Wallace. Traduit de l'anglais
par Christine Mignot, Phaidon, 240 pages, 34,95 €
 

mercredi 2 novembre 2016

Hey, Mr Bob Dylan !

Erri De Luca, Le Plus et le moins,
traduit de l'italien par Danièle Valin,
Gallimard, 200 pages, 14,50 €
Erri De Luca, lui, n'aura pas été déçu par les jurés du prix Nobel de littérature.
Dans un des petites chapitres qui forment Le Plus et le moins, paru en italien en 2015 et en français en avril 2016, il écrivait à propos  de Dylan :
 " Chanteur ? Ce titre professionnel peut lui suffire, mais ses titres sont sur l'étagère des poètes, par ordre alphabétique entre l'anglais John Donne et le russe Sergueï Essenine. "
Le poète Zéno Bianu n'a pas été déçu non plus, suppose-t-on.
Il avait publié en 2014 un recueil de poèmes consacrant Bob Dylan "  poète le plus écouté de la planète " à partir de l'album Blonde on Blonde.
Extraits de Visions de Bob Dylan (titre qui salue au passage les Visions de Cody et leur auteur, Jack Kerouac), par Zéno Bianu :
 
Et soudain
une seule chanson
devient le cosmos tout entier
elle s'étire en toi
se love à fleur de nerfs
rayonne dans le jamais atteint
dérape dans l'infime
s'érige
en serrement de cœur
tressaille
jusqu'à durer
une nuit d'année-lumière

Zéno Bianu, Visions de Bob Dylan,
Le Castor Astral, 111 pages, 12 €