samedi 27 août 2016

Petits congés

Le libraire s'envole jusqu'au 13 septembre.
 
 
La librairie, elle,
reste bien amarrée et ouverte
au numéro cinq de la rue Sornin à Vichy.
 
 


vendredi 26 août 2016

Que lire ?

Si d'aventure, après avoir fréquenté le blog et la librairie,
vous vous posiez la question
" Que lire ? ",
 vous trouverez sur la table devant le divan rouge,
la quatrième livraison du magazine gratuit
portant le même titre.
Une aubaine.


Les collégiens auront l'incomparable satisfaction de découvrir,
sur la même table et le même divan rouge,
un  Guide de la littérature gratuit.
Une chance.
 

jeudi 25 août 2016

In Memoriam Michel Butor

 
Michel Butor est décédé hier, 24 août.
Le librairie ne saurait s'en sortir devant son œuvre multiforme
et d'une inconcevable abondance
 par quelques mots rapidement esquissés.
A l'évocation de son nom, tous se rappelleront le "nouveau roman". 
Mais le libraire a un autre souvenir,
qui remonte à dix ans : cette belle suite de poèmes,
Don Juan en Occitanie,
éclairée par de magnifiques lavis de Colette Deblé.
Lisons (et faisons silence un peu) :
 
Il vente mon cœur autrefois
déchiré je blêmissais excommunié
trêve au retour audacieuse
élancée Rosaline surprise nue
par Frédéric Bazille en 1863
muse des cèdres tes mélodies
tes gentillesses tes hanches m'ont imprégné
m'ont enflammé conquis et maintenant
festin des bruyères viens
m'asperger m'emplir à perte d'âme
 
 
.
 

mercredi 24 août 2016

Ajar, vous avez dit Ajar ?

Quel rapport peut-il bien exister entre cette photo :
 
 
et celle que voici :
 
 
Eh bien, c'est que les deux répondent au nom d'Ajar.
La première est celle d'Emile (véritable patronyme : Romain Gary).
La seconde est celle d'un collectif d'écrivains suisses également nommé Ajar,
en mémoire de Romain Gary.
Ils sont dix-huit, garçons et filles, au sein de ce collectif
destiné à encourager la productivité littéraire d'une nouvelle génération.
Et le pire, peut-être, est qu'ils vont incessamment publier
chez Flammarion un roman intitulé Vivre près des tilleuls,
écrit à... 2 x 18 = 36 mains.
Le libraire est vigilant.
 
 
 
 
 
 
 


mardi 23 août 2016

L'art de fêter le 14 juillet avec Eric Vuillard

Eric Vuillard, 14 juillet,
Actes Sud, 202 pages, 19 €
Le mot " récit " et non " roman " est placé sous le titre de
14 juillet que publie ces jours Eric Vuillard. Pas de dialogues dans ce livre ; pas de personnages fictifs, glissés entre les
" grands personnages " de l'histoire ; ni, non plus, de regard distancié et clinique nécessaire, dit-on, à la reconstitution historique. Le lecteur entre, au contraire, de plain pied et immédiatement dans les tourbillon des faits -- ils ne sont pas neutres : tout commence par la destruction par la foule de la riche demeure d'un industriel qui veut baisser les salaires de ses gens, le 28 avril 1789.
Eric Vuillard procède par immersion du lecteur dans son récit où les faits s'enchaînent sans délai ni atermoiements.
Les destructions ; le compte des morts ; leur identité ; leur description physique ne donnent pas lieu à un quelconque pathos, mais rendent êtres et choses très présents. Le langage se fait souvent familier, et anachronique, participant de cette proximité ; et il est en même temps nourri par une information précise sur l'époque. les archives ont été consultées, intelligemment mises à profit. Il n'est pas jusqu'aux listes de noms (coup désormais un peu classique, facile) qui n'aient leur charme : "Ils s'appellent Mathieu, Guillaume, Firmin, de leur nom de famille, car les pauvres n'ont souvent pas mieux à se mettre. Ils peuvent aussi porter noms et prénoms pareils, Pierre Pierre, Jean Jean ; cela signe deux fois leur pauvreté. Ils ont aussi des noms de métiers, Mercier, Meunier, Lesaulnier, Vigneron (...) Mais encore des noms ridicules, Godailler, Quignon, Fagotte, Bourgeonneau, Tronchon, Pinard "...
Le 14 juillet des noms ridicules et des sans nom, sans grade, se lit d'un trait, jusqu'au déluge qui donne son titre au dernier chapitre de ce roman "historien ", plutôt qu' " historique ", selon la distinction que vient de proposer Dominique Viart.

lundi 22 août 2016

L'art d'accueillir les bébés

Lionel Paillès, Papa débutant,
First, 208 pages, 14,95 €
Les éditions First veulent la paix dans les familles
et elles ont, en outre, de la suite dans les idées.
La série avait débuté par Le Papa débutant, que suivirent La Maman débutante et La Grand-mère débutante. Vint le Grand-père débutant, dernier né, pour ainsi dire.
Les choses se précisent encore avec les Grands-parents débutants et, derechef, un Papa débutant, mais, cette fois, dans une version illustrée.
Au sommaire : " La grossesse vue par papa " ; " Quelques heures dans la salle de travail " ; " Quelques jours à trois à la maternité " ; " Le rodage de la première semaine à la maison " ; " La vitesse de croisière ".
Les questions que se posent ici les papas sont plaisantes (" ... il sourit dès que je lui parle de l'OM. Il aime déjà le foot, ou c'est pour me faire plaisir ? ") ; légèrement idiotes ( " Est-ce que je peux mettre mon bébé dans un siège auto s'il a 4 jours ? ") ; touchantes ( " Je me sens cloche quand je parle à mon fils âgé d'un mois. Dois-je continuer à lui parler de la pluie et du beau temps ? ").
Le rôle des grands-parents n'est pas moins crucial. Et il semble que, malgré leurs expériences précédentes, ils aient tout à apprendre pour se hisser à la hauteur du monde moderne, de ses nouvelles layettes, de ses poussettes-canne, de ses écrans et de ses branchitudes diverses.

Caroline Cotinaud,
Grands-parents débutants, First,
192 pages, 9,95 €
 



dimanche 21 août 2016

La servante et le philosophe

Guinever Glasfurd, Les Mots entre mes mains,
traduit de l'anglais par Claire Desserrey,
Préludes, 448 pages, 15 €
" Par la porte de sa chambre ouverte, je vois une flamme trembloter. Il est réveillé. Je frappe sur le chambranle.
" Oui ? "
Il est assis à sa table. Il s'est déshabillé pour se coucher ; ses jambes sont nues, sa chemise pend sur ses cuisses.
" Je vous ai apporté une chaufferette, Monsieur. J'ai vu que vous travailliez... Il fait froid ce soir. "
Cette petite scène triviale est le prélude à la première rencontre amoureuse de René et d'Helena. Helena Jans van der Strom, servante hollandaise et René Descartes philosophe français. Elle a seize ou dix-sept ans ; lui le double à peu près. Lui est catholique ; elle, protestante. Il parle un peu le flamand ; elle a fait tout ce qu'elle pouvait pour apprendre toute seule à lire et écrire. Au début du roman, nous sommes à Amsterdam, en 1635, en plein siècle d'or. Nous accompagnerons Helena et René, le Monsieur, pendant cinq ans.
La relation entre la servante et  le philosophe, et l'existence de Francine, le fruit de leur amour, sont des faits historiquement avérés mais méconnus (ils avaient fait l'objet d'une première interprétation littéraire dans Un amour de Descartes, de Jean-Luc Quoy-Bodin).  Ils sont relatés dans un premier roman dont Guinevere Glasfurd a su rendre la protagoniste centrale fort attachante et la figure de Descartes,  le grand homme, moins froide qu'à l'ordinaire. Témoin cette lettre, datée du 14 août 1636 :
Ma Chère Helena,
Je suis désolé que notre rencontre se soit terminée ainsi. Je touche à la fin de mon travail sur le Discours. Je serai ensuite en meilleure posture. Depuis des années, je ne sais où le destin me conduit, où mes pas vont me mener. J'aspire à une vie plus paisible. Mon esprit s'éloigne des villes où j'ai résidé ces derniers temps.
Je tiens à voir Francine et te prie de venir avec elle. Mon adresse est Rapenburg, maison Gillot. Préviens-moi par un mot afin que je t'attende. Je souhaite parler de certains sujets.
Ton très humble et affectionné serviteur,
René Descartes.
Descartes, Discours de la méthode,
Le Livre de poche,
232 pages, 3,60 €

samedi 20 août 2016

La rentrée des géographes

Roger Brunet, Trésor du terroir.
Les noms de lieu de la France,
CNRS éditions, 655 pages, 39 €
" Les noms font rêver. Tous les noms (...) D'où viennent le nom que je porte, et celui du village qui m'accueille, de ce lieu-dit où je passe ? (...) Pourquoi Lyon, pourquoi la France comme nation et la France comme petite région
des environs de Paris, pourquoi Amboise, que signifient tous ces Essarts, Plessis, Bouzigue, Condamine, Devèze, Varenne, Chaumont, Jouy ou Aulnay éparpillés sur le territoire, que nous disent ces pittoresques Pet de Grolle, Cocumont, Minjesèbes, Tartifume, Soupetard, Quiquengrogne qui ornent et parfument les terroirs ?
On comprend le Mont Blanc, on croit deviner le Ventoux, mais quel sens ont le Vignemal, ou le Pelvoux ? "
C'est pour contribuer à répondre à ces questions qu'existe ce Trésor du terroir. Trésor dans les deux sens du terme, qui désigne à la fois un ensemble de choses de valeur et un inventaire, un dictionnaire si l'on veut.
Roger Brunet, compilateur d'une « base de données mondiale des localisations qui changent », mène ce projet depuis les années 1980.
Plus de 600 pages d'un format raisonnable s'efforcent de donner des réponses scientifiques en croisant d'innombrables sources et travaux toponymiques antérieurs. Sans cacher qu'il subsiste des zones d'ombres et des faux amis, propres à raviver les querelles onomastiques les plus ardentes.
Marcel Roncayolo, autre géographe historique, fait aussi sa rentrée, avec un livre où il prend quelque liberté avec la prudente géographie académique. Encouragé par l'exemple de Julien Gracq à travers Nantes (La Forme d'une ville) et par de nombreuses contributions qui ont mis la sensibilité à l'ordre du jour, Roncayolo refait ses parcours dans la ville de Marseille.
Abordée par le souvenir, l'image et le document personnel, la ville devient une autre réalité que celle que déclinent sans fin les chiffres et les statistiques.  Un peu d'air. Ouf !

Marcel Roncayolo, Le Géographe dans sa ville,
Parenthèses, 266 pages, 26 €

vendredi 19 août 2016

La magie dans les villes

Frédéric Fiolot ,
La Magie dans les villes,
Quidam éditeur, 108 pages, 12 €
Un nouveau Plume est peut-être né.
Pas une plume (quoique...).
Un Plume, le personnage impondérable d'Henri Michaux. Ce nouveau Plume n'a pas de nom. 
Il s'appelle  " il " : " Il n'a jamais fait la guerre. Il est le survivant des guerres qu'il n'a pas faites. " ' Ces derniers temps, il manque un peu de consistance. Il traverse souvent les murs sans s'en rendre compte (...) ".
" Il aime bien les dimanches. Leur petit air de répit grignoté, de répit mal ajusté. Ils ont la mélancolie de tout ce qui n'en finit pas de finir. " " Il joue au rami avec son grand-père. On ne se parle pas. On pioche, on jette. Tout se passe au-dessus du tapis vert un peu collant. Il a mis du temps à faire tenir ses quatorze cartes en éventail dans une seule main. "
Sa vie n'a rien de moral ni d'immoral. Mais son rapport au monde est lunaire. Si lunaire veut toutefois dire une certaine absence au monde quotidien qui s'avère être une présence sur un tout autre plan.
Il a choisi de rencontrer la magie dans les villes ; mais c'eût pu être dans un autre pays, un autre royaume, une autre sphère. Chez les Papous. Ou chez les anges.
C'eût pu être ailleurs. Ailleurs est peut-être le mot clé. Pas le dernier mot, car " Rien de devrait finir. Tout ce qui finit l'attriste. C'est aussi simple que cela. Les livres ne devraient pas pouvoir se refermer, ni les contes prendre fin. "
Ayez hâte de le rencontrer. On ne se fait tous les jours de nouveaux amis, même en temps de rentrée littéraire.

Henri Michaux, Plume
précédé de Lointain intérieur,
Poésie Gallimard, 224 pages,
8,80 €
 

jeudi 18 août 2016

Trafic de saison

 
Le chassé-croisé n'a pas seulement lieu en ce moment sur les routes de France et de Navarre.
Il se produit aussi sur les étals du libraire.
La preuve ? Ce coin de la table littérature française du jeudi 18 août :
 
 

mercredi 17 août 2016

La nature dans la ville

Gilles Carcasses, La Fleurette et le camionneur,
Ulmer, 192 pages, 19,90 €
Sens aigu de l'observation ? Goût de la nature retrouvée où l'on ne l'attendait plus ? Sans doute une combinaison des deux éléments a-t-elle présidé à la conception de ce livre au titre plaisant.
" Le conducteur stoppe au feu rouge et la vitre du conducteur se baisse, raconte son auteur.
Sans vous déranger, s'il vous plaît, qu'est-ce que vous photographiez ?
Je me relève : C'est une petite plante rare qui fleurit là le long du caniveau. "
Gilles Carcasses, a multiplié les trouvailles à même le milieu urbain : dans les parcs et jardins, évidemment ; mais aussi sur un quai de gare, dans les allées des cimetières, sur les toits où l'épervier vient chasser les petits oiseaux (mais oui, madame, mais oui, monsieur : le libraire en a été témoin sur son propre toit où il vit les pigeons attaqués par le rapace dont la poitrine porte des rayures horizontales).
Nouvelles espèces d'oiseaux apparues sur les bassins;  guêpes invasives venues ... du Mexique ; faucons perchés sur les panneaux de signalisation sont au rendez-vous de cet ouvrage qui abrite de nombreuses preuves photographiques de ce qu'il avance.
Femelle d'épervier

jeudi 11 août 2016

Relâche

Le blog s'offre une petite relâche
jusqu'au 16 août.
A la Page reste ouverte aux horaires habituels
(sauf les 14 et 15 août)


mercredi 10 août 2016

Cinquante nuances de grès à Vichy

Hélène Bédague, Alexandre Bigot, chimiste et céramiste,
Editions Louvre Victoire, 352 pages, 50 €
Parue au mois de mai dernier, cette très belle monographie d'Alexandre Bigot (1862-1927) permet de découvrir un artiste céramiste de premier plan. Spécialiste du grès flammé, il ouvrit sa propre usine de fabrication dans le Loir et Cher et  oeuvra dans deux directions : pour produire des objets  d'art (vases, plats, orfèvrerie), d'une part et, d'autre part, pour " hisser le grès émaillé au rang des matériaux
de construction ", nous dit Hélène Bédague.
Bien que ne connaissant pas nécessairement son nom, tout le monde ou presque a pu voir des céramiques de Bigot car il collabora avec les architectes les plus marquants de son époque, qu'il s'agisse d'Auguste Perret, d'Henri Sauvage, de Frantz Joudain ou d'Hector Guimard, pour lequel le libraire a un gros petit faible. Les ébouriffantes céramiques du Castel Béranger,  à Paris XVIe, c'est lui ; le fronton émaillé du magasin de La Samaritaine à Paris, c'est lui ; des villas à Arcachon, à Trouville, des magasins à Nancy, c'est lui aussi ; des frontons d'églises, place des Abbesses à Paris, Brézé ou  Oran, c'est toujours lui.
Et les établissements thermaux de Vichy ? Vous l'aviez deviné : les trois dômes bleus de l'Etablissement thermal, la frise qui court le long du bâtiment, son bassin, diverses salles de bain, c'est toujours Alexandre Bigot qui en fut le créateur.
Amplement illustrée, comme il se doit avec un tel sujet, la monographie d'Hélène Brague présente une magnifique recension de cet artiste de la ligne courbe, de sa faune, de son bestiaire (la salamandre était son emblème, on n'en sera pas surpris) intimement lié à l'esprit Art nouveau.



mardi 9 août 2016

" Vis lumineux... "

Alexandre Duyck, Chantal Mauduit. Elle grimpait
sur les nuages, Guérin, 221 pages, 25 €
Ce seront nos derniers moments montagnards de l'été, et nous les passerons en compagnie de l'alpiniste Chantal Mauduit, disparue sous une avalanche lors d'une excursion dans l'Himalaya.
" Elle grimpait sur les nuages ", écrit son biographe Alexandre Duyck, précisant : " Au printemps 1994, elle recopie du Baudelaire ( "Le Voyage ") dans l'un de ses carnets : Mais les vrais voyageurs sont ceux là seuls qui partent / Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons, / De leur fatalité jamais ils ne s'écartent, / Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! "
Cette jeune femme un peu bohème vit
" tranquillement " (sic) à cheval entre ses deux paradis, l'Himalaya et les Alpes. Un temps, elle rêva de devenir championne de ski, pratiqua le parapente, puis se lança à l'assaut des sommets de 8 000 mètres.
Elle en franchira six et nourrissait le projet d'enchaîner quatorze ascensions de cette altitude.
 Le 11 mai 1998, un an après la publication de son livre J'habite au Paradis, son corps sera retrouvé, ainsi que celui de son ami sherpa, sur les pentes du Dhaulagiri, au Népal, enseveli sous la neige.
Alexandre Duyck sait nous rendre plus que sympathique celle qui écrivait à même la toile de sa tente : " Vis lumineux, créé un poème et va : accrois l'espace de la terre. "

Chantal Mauduit, J'habite au Paradis,
184 pages, 17 €




lundi 8 août 2016

Vers le Mont Analogue

René Daumal, Le Mont Analogue,
L'Imaginaire, 179 pages, 8,50 €
La littérature de montagne est née lorsque Pétrarque gravit le mont Ventoux au XIVe siècle.
Saussure avec ses Voyages dans les Alpes, et les romantiques, suivirent sa voie (sauf Chateaubriand
qui n'aimait pas les Alpes).
Puis, vinrent des géographes, comme Elisée Reclus
et son Histoire d'une montagne. Et de nombreux autres, mêlant l'amour de la nature, le sport et le plaisir de s'élever.
René Daumal et son Mont Analogue occupent dans cette filiation une place vraiment à part. Commencé en  1939, ce " roman d'aventures alpines, non euclidiennes
et symboliquement authentiques ", selon son sous-titre, 
ne fut publié, inachevé, qu'en 1952, après la mort de son auteur.
Le Dictionnaire des lettres françaises présente cette œuvre dans les termes suivants : " Grand marcheur, passionné d'altitudes, l'auteur imagine dans ce roman l'ascension d'une montagne plus haute que toutes les autres, mais située dans un continent invisible, bien que réel. L'équipe d'alpinistes qui s'est constituée autour du professeur Sogol ( anagramme de Logos) doit d'abord admettre la réalité de ces sommets insoupçonnés et en reconnaître la position avant de s'y risquer (...) L'ascension n'est pas le symbole d'une quête individuelle, mais d'un enseignement que l'on partage dans l'espoir que d'autres pourront la mener plus haut (...) ".
Lancés à la recherche de ce point où la base et le sommet, la Terre et Ciel se touchent, Pierre Sogol et son équipe (une caravane de douze personnes -- douze apôtres ?) courent toujours les montagnes en quête du visible et de l'invisible, malgré la mort de René Daumal il y a soixante-deux ans.
René Daumal

dimanche 7 août 2016

Pratiques de l'ascension

Gilles Rotillon, La Leçon d'Aristote :
sur l'alpinisme et l'escalade, Editions du Fournel,
181 pages, 18 €
Il y a de nombreuses façons de pratiquer la montagne -- comme il y a différents milieux montagnards, bien entendu. Et il y a aussi une histoire de la fréquentation des montagnes. C'est aux périodes récentes de cette évolution que s'attache, en une très belle réflexion,  Gilles Rotillon dans La leçon d'Aristote : sur l'alpinisme et l'escalade.
L'auteur, qui vit au Mont-Blanc, connaît les hauteurs depuis de nombreuses années et son père lui-même était déjà un alpiniste ; il sait de quoi il parle lorsqu'il évoque la main-mise de plus en plus prononcée de l'industrie des loisirs et des institutions sur la pratique de l'escalade.
Ecoutons Gilles Rotillon : " Le bien central de l'escalade, à partir duquel des échanges marchands peuvent se faire, c'est la falaise équipée " béton ". C'est son invention récente, il y a une quarantaine d'années, qui permet un développement important du nombre de grimpeurs et la possibilité de l'apparition d'une demande solvable pour un marché spécifique. Cette innovation résout la question de la sécurité qui était plus ou moins réglée par la présence du guide en alpinisme (pour ceux qui en avaient les moyens). On l'a vu l'équipement de ces falaises modernes suit des normes techniques très précises, concernant par exemple la résistance d'un point d'assurage désigné dans un document de la FFME présentant les normes fédérales comme un amarrage qui " doit répondre aux exigences de la norme européenne NF EN 959 juillet 2007 (...) "
Ah ! la norme fédérale, jusque dans les contrées sauvages...
C'est probablement à elle que pense échapper la protagoniste du roman de Céline Minard,
Le Grand Jeu, qui ne doit apparemment rien au Grand jeu de René Daumal et de son Mont Analogue, dont le libraire reparlera. Installée sur les sommets, dans la solitude la plus implacable, armée de son outillage de survie, ne voilà-t-il pas qu'elle découvre l'existence d'une autre ermite sur un sommet voisin. Et que va s'engager une sorte de jeu du chat et de la souris sur les pentes glacées.
Le Grand Jeu sera sur la table du libraire le 17 août.

Céline Minard, Le Grand Jeu,
Rivages, 190 pages, 18 €

samedi 6 août 2016

Lecture et longueur de vie

Livres Hebdo se fait l'écho de la nouvelle suivante :

" Une étude américaine démontre que les lecteurs vivent en moyenne deux années de plus que les personnes qui ne lisent pas du tout. 
Des chercheurs américains de l'université de Yale viennent d'établir une corrélation entre la lecture et l'espérance de vie (...)  
Par rapport à ceux qui ne lisent pas, les lecteurs occasionnels (moins de 3h30) ont ainsi 17% de risques en moins de mourir dans les douze années qui suivent. Et la même statistique s'élève à 23% pour les personnes lisant plus de 3h30 par semaine.
En moyenne, les lecteurs de livres âgés de plus de 50 ans ont une espérance de vie moyenne de près de deux ans de plus que ceux qui ne lisent pas du tout (...)
Becca R. Levy, professeur d'épidémiologie à Yale, explique au New York Times :
" Même les gens ne déclarant qu'une petite demi-heure par jour de lecture ont un avantage significatif de survie par rapport aux non-lecteurs. Et cet avantage demeure même en ajustant les variables que sont la santé, l'éducation et les capacités cognitives. "
 

vendredi 5 août 2016

Le Graal est devant nous

Edina Bozoky, Les Secrets du Graal,
CNRS éditions, 223 pages, 22 €
" Tu as vu dans tes voyages de ces rochers qui gardent les pistes de bêtes fabuleuses qu’on ne voit plus nulle part.
Ils étaient boue pour recevoir l’empreinte — ils se sont faits pierre pour la garder… Perceval ! quelque chose a passé ici il y a longtemps, dont Montsalvage a gardé l’empreinte, et rien n’a pu l’effacer, car Montsalvage est un lieu clos, car le temps et la vie n’y trouvent plus de prise, car Montsalvage pétrifie – et c’est ce qui fait de moi pour les passants une pierre de foudre au bord de la route, un fantôme en plein soleil, une tête de Méduse qui te fascine et que tu n’oublieras plus jamais de regarder (...) ".
Tels sont les propos que Julien Gracq prête au personnage d'Amfortas dans sa pièce Le Roi Pêcheur, dans laquelle il voulut réactualiser le mythe du Graal
et des  chevaliers de la Table Ronde.
C'est aussi l'histoire de ce mythe littéraire, né au XIIe siècle avec Chrétien de Troyes, et qui renaît incessamment dans des formes variées, dans la littérature fantastique, dans la peinture,  la bande dessinée, au théâtre et au cinéma, dont Edina Bozoky cherche à percer quelques secrets. Son livre retrace le développement, les personnages et les significations principales de la quête  où l'élément religieux et l'élément merveilleux s'entrecroisent en suscitant de foisonnantes interprétations.
Situé sur un plan moins ambitieux, mais témoignant de la vivacité du mythe, La Grande épopée des chevaliers de la Table ronde va bientôt paraître chez Actes Sud Junior.
Les enfants (à partir de huit ans, nous dit l'éditeur) devront attendre jusqu'en 2018 et la parution du troisième tome pour rencontrer Perceval et Galaad. Mais dès la rentrée, ils feront connaissance avec Arthur et Merlin, ce qui n'est pas un mince événement dans la vie d'une petite fille ou d'un petit garçon.
Vision du saint Graal (William Morris, 1890)

jeudi 4 août 2016

Condition tropicale

Francis Hallé, La Condition tropicale,
Une histoire naturelle, économique et sociale
des basses latitudes,
Actes Sud Babel, 702 pages, 12,70
Le livre du botaniste Francis Hallé sur les tropiques est unique en son genre.
Publié il y a cinq ans, il n'est pas près d'être dépassé. Son angle de vue, pour commencer, n'est pas courant. Un botaniste, un homme de science pointu, dont les premiers mots ou presque sont : " Ouvrons la porte aux philosophes et aux poètes ", cela ne se trouve pas sous les sabots d'un cheval.
Non seulement l'information qu'il a réuni pour son étude est aussi précise qu'encyclopédique, mais Francis Hallé n'hésite pas à l'interpréter de façon personnelle en disant " je ". Ce qui constitue une seconde originalité.
Un coup d'œil sur la table des matières permet de juger de l'étendue des sujets abordés : la géographie et le climat (une notion déterminante, bien sûr), mais aussi les données biologiques, anthropologiques et économiques. Et même historiques, quand il s'agira de dater l'apparition des inégalités économiques entre les différentes zones habitées du monde. Jusqu'aux dessins d'arbres ou de poissons qui accompagnent les démonstrations de Francis Hallé sont passionnants.
La Condition tropicale ouvre donc une perspective très différente de celle des sciences hyper-spécialisées, mais en miettes, et dont nul ne parvient à rassembler les petits morceaux accumulés sans fin. Parler de la condition tropicale, c'est aussi parler des parties tempérées du monde ; comparer leur faune et leur flore ; comparer leurs climats, leurs cultures, leurs modes de vie, leurs conceptions du temps et de l'espace. Ce que l'une impose à l'autre comme vision unique de la vie et du bonheur.
Docteur en biologie et en botanique, ancien professeur de botanique à l'université de Montpellier, Francis Hallé a piloté le célèbre radeau des cimes. Tout le monde devrait lire, si ce n'est déjà fait, son petit manuel Du bon usage des arbres, un plaidoyer à l'attention des élus et des énarques.


Francis Hallé, Du bon usage des
arbres, Actes Sud, 92 pages, 14 €


mercredi 3 août 2016

" Cette île a fait de moi un assassin ... "

Natacha Appanah,
Tropique de la violence, Gallimard,
192 pages, 17,50 €
" Je l'entends murmurer, je colle mon oreille à la porte mais je n'arrive pas à comprendre ce qu'il dit, on dirait qu'il chante.
Je ne peux pas rester là indéfiniment. Je ne peux rien pour lui.
J'ai tué un garçon, là-haut, dans les bois, au lac Dziani. Le pistolet est dans mon sac.
C'est ce qu'il m'a dit ce matin à la grille, dans un français impeccable. Il était à peine sept heures du matin, il faisait déjà chaud et il serrait son sac contre sa poitrine en tremblant. J'ai regardé sa longue cicatrice. Ma joue droite à commencer à tressaillir mais, à part ça, je n'ai rien ressenti. Je n'étais pas surpris, c'était comme si j'avais déjà vécu ce moment-là dans une autre vie et que je savais qu'un jour ou l'autre, il m'arriverait à nouveau la même chose.
J'ai juste pensé Voilà, c'est maintenant. "
Moïse, quinze ans, vient de tirer sur Bruce. Il a scellé son destin.
Natacha Appanah, née à l'île Maurice, comme Le Clézio, comme Malcolm de Chazal, situe son roman sur l'île française de Mayotte. Serti dans un cadre naturel magnifique, le pays est traversé de violences sociales et culturelles dont les journaux de la métropole rapportent régulièrement la chronique. Les rues et les bois sont remplis de Bruce, de Moïse et de Marie, la jolie fille défigurée après avoir été attaquée par une bande de voleurs. Ce sont ces rapports de violence que, sous son  titre à la Henry Miller, Natacha Appanah restitue en brefs chapitres, traçants comme la balle qui vient d'abattre Bruce, et dans lesquels les protagonistes viennent tour à tour prendre la parole. Moïse, l'assassin, devra payer le prix fort pour son acte.
Tropique de la violence paraîtra le 28 août prochain.


mardi 2 août 2016

Palmarès des policiers

Pour les policiers au format de poche,
ce sont les trois titres les plus vendus par A la Page :
 
Simenon, Maigret à Vichy,
Le Livre de poche, 5,60 €


Sophie Hénaff, Poulets grillés,
Le Livre de poche, 7,30 €


Ian Manook; Les Temps sauvages,
Le Livre de poche, 8,30
 
Et dans le format broché :
 
Michel Bussi, Le Temps est assassin,
Presses de la Cité, 21,50 €


Mary Higgins Clark, Le Temps des regrets,
Albin Miche, 22,50 €


Philip Kerr, La Dame de Zagreb,
Le Masque, 22,90 €




 
 
 


lundi 1 août 2016

Palmarès littéraire

Ce sont les trois livres les plus vendus en littérature au format de poche,
par A la Page au mois de juillet :
 
 
Elena Ferrante, L'amie prodigieuse,
Folio, 448 pages, 8,20 €

Karen Viggers,
La Mémoire des embruns,
Livre de poche, 570 pages, 8,30 €

Marie-Hélène Lafon, Joseph,
Folio, 128 pages, 6,50 €
 
 
Suivis par les trois livres les plus vendus en littérature
au format broché :
 
Olivier Bourdeaut,
En attendant Bojangles,
Finitude, 160 pages, 15,50 €

Marie-Hélène Lafon, Histoires,
Buchet Chastel, 320 pages, 16 €

Valery Larbaud, Allen, Bleu autour,
200 pages, 28 €