samedi 26 mai 2018

Petite pause dans la Grande bleue

Le librairie n'alimentera pas le blog avant le 13 juin prochain,
le temps de recharger ses batteries
quelque part en Méditerranée.
 

A la Page, elle, reste ouverte et disponible aux appels et aux visites
aux heures habituelles.

vendredi 25 mai 2018

Premier tour de vote pour le prix des Lecteurs A la Page 2018

A l'issue de son premier tour de vote,
et des arguments échangés avec passion,
le jury du prix des Lecteurs A la Page
a maintenu dans la course au prix 2018 les quatre romans suivants,
 présentés par ordre alphabétique d'auteur :




 
 Il faudra patienter jusqu'au 22 juin prochain
pour connaître le lauréat qui succédera à Bérengère Cournut
et à Née contente à Oraibi.

jeudi 24 mai 2018

L'herbier de Jean-Jacques Rousseau

Jean-Jacques Rousseau,
Lettres sur la botanique, Folio, 97 pages, 2 €
" Prenez une de ces petites fleurs qui dans cette saison tapissent les pâturages et qu'on appelle ici Pâquerettes, petites Marguerites, ou Marguerites tout court. Regardez la bien ; car à son aspect, je suis sûr de vous surprendre en vous disant que cette fleur si petite et si mignonne est réellement composée de deux ou trois cents autres fleurs toutes parfaites, c'est-à-dire ayant chacune sa corolle, son germe, son pistil, ses étamines sa graine, en un mot aussi parfaite en son espèce qu'une fleur de Jacinthe ou de Lys. Chacune de ces folioles blanches en dessus, roses en dessous qui forment comme une couronne autour de la marguerite, et qui ne vous paraissent tout au plus qu'autant de petits pétales sont réellement autant de véritables fleurs…"
C'est à Madame Delessert que s'adresse, dans ces termes charmants, Jean-Jacques Rousseau pour l'inciter à ouvrir les yeux sur ce qui mérite vie au monde, comme lui-même tente de le faire.
Connues sous le titre de Lettres élémentaires sur la botanique, Folio reprend cet ensemble de lettres du temps où l'auteur des Confessions et des Rêveries fut pris d'un " engouement d'enfant ", selon l'expression de Bernard Gagnebin, pour les fleurs, leur observation et leur conservation dans un herbier.
L'occasion de se divertir intelligemment est immanquable.

Rousseau herborisant

dimanche 20 mai 2018

Esilda s'adresse aux 5-8 ans

Esilda, oui, a pensé aux amateurs de livres entre 6 et 8 ans :
 
Angélique Villeneuve, Anaïs Brunet, Le Grand poulpe,
Sarbacane, 15,50 €
 
Jean-Michel Billioud, Pauline Martin, Le Capitaine au long cours,
Gallimard jeunesse, 12 e
 
Joseph Kuefler, Les Rois du parc,
Circonflexe; 13,50 €
 
Manuel Marsol, Duel au soleil,
L'Agrume, 20 €
 
Yuval Zommer, Nos incroyables animaux marins,
Glénat jeunesse, 64 pages, 16,95 €

samedi 19 mai 2018

L'effet girafe

Eric Poindron, L'ombre de la girafe,
Bleu autour, 112 pages, 13 €
Eric Poindron est un mordu de la girafe.
Un mordu, oui, un fêlé de la girafe.
C'est chez lui de famille. Déjà le père de son père, ainsi que son grand-père, étaient des fondus de l'animal au long cou sorti de l'imagination de tous les enfants du monde et qui rêvent. Ils vivent girafe, ils pensent girafe, ils cherchent girafe et Eric Poindron de citer, carrément, Marc Alyn le poète :
" Quand je serai grand, je serai girafe
Pour être bien vu par les géographes. "
La girafe présente sur d'autres animaux une réserve d'onirisme peu discutable : ce cou, ces tâches, cette dégaine sont propres à enflammer tous ceux qui, comme Rousseau vont rêvant toujours et ne pensant point. Il y aurait, bien sûr, le lion, l'âne, le rhino pour allumer les âmes enfantines -- tous les animaux de la création pourraient être cités à l'appui. Il y aurait, non moins, la licorne (une autre amie du libraire), pour lui tenir tête et corne. Il y aurait le sphinx  et de nombreuses chimères localisées dans la zoologie fantastique. Mais la girafe, il y a de quoi s'en toquer.
Elle a de nombreux atouts pour devenir la reine de l'imagination naturelle, créature entre mythe et réalité. Il faut protéger, que dis-je, il faut développer la girafe imaginaire, développer la faune et la flore inventées ! C'est un merveilleux moyen de voyager, sur place s'il le faut, et de protéger la girafe dite vraie, la girafe des savanes, celle dont nous n'aimons pas moins l'existence, celle qui dépend de nos fantasmes -- d'amour ou de criminels safaris.
Le voyage dans la caravane des rêves d'Eric Poindron est un excellent plaidoyer pour les sciences naturelles, c'est-à-dire pour la nature, pour son observation et sa perpétuation. Oui, messieurs dames.
Malicieuse, énergique, pas geignarde ni quémandeuse pour un sou, sa prose  est, en outre, beaucoup plus drôle que celle des savants, sauf par inadvertance, et sauf votre respect.
C'est l'esprit d'enfance, tant facétieux qu'ébahi, qui se manifeste dans le livre généreux et véloce d'Eric Poindron. De plus, un homme qui se souvient de Jean Le Mauve, typographe, poète, picard, ne saurait être un mauvais écrivain. La preuve :
" Qu'est ce que tu attends ?
Des girafes et des songes. Des enchantements qui s'étirent à l'infini. Des iguanodons. "

jeudi 17 mai 2018

Les Rencontres Albert Londres, c'est ici

Salle des Fêtes de Vichy et rue Besse se dérouleront les 9e Rencontres Albert Londres,
du 25 au 27 mai prochains.
 


mercredi 16 mai 2018

L'A.I.R. de Lyon

C'est à Lyon, à la Villa Gilet, du 21 au 27 mai 2018.
Philippe Besson, Jonathan Coe, Baptiste Morizot, Ian Mc Ewan,
 Jean-Christophe Rufin, Leïla Slimani, Alice Zeniter
Le programme complet se trouve près du divan rouge.
 
 
 

lundi 14 mai 2018

Soleil levant

Erin Niimi Longhurst, L'Art de vivre à la japonaise,
traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Sylvie Lecoq,
HarperCollins, 288 pages, 15,90 €
" Trouvez le chemin d'une vie épanouie grâce à la culture et à la philosophie japonaises ", intime la quatrième de couverture de L'Art de vivre à la japonaise. L'ouvrage est diversement illustré et parsemé de sentences proverbiales (vous n'échapperez pas à la citation du citoyen japonais le plus à la mode en France, à savoir Henry David Thoreau). Il y est question de sagesse, de cuisine, de calligraphie, d'architecture en bois et papier, de composition florale et de cérémonie du thé. On y trouve des renseignements.  Pourtant, traduite de l'anglais, cette somme paraît un peu trop composée à l'usage des Occidentaux.
Le libraire conserve en permanence sur son étal un petit trésor d'une quarantaine de pages, traduit du japonais, qui lui semble propre à renseigner fidèlement sur la qualité d'une vie à la japonaise. Notes de ma cabane de moine fut rédigé au XIIe siècle. Hier, pour ainsi dire. Comment et où vivre est le thème central de ce grand classique en peu de feuillets.
" Tantôt je cueille des pousses de roseaux, ou des fruits de laurier sauvage, je ramasse des ignames, ou du cresson. Tantôt je vais dans les rizières au pied de la montagne, je glane des épis abandonnés pour en tresser des offrandes sacrées aux dieux. Quand il fait très beau, je grimpe au sommet de la montagne, et contemple de loin le ciel de ma patrie, la montagne de Kohata, le village de Fushimi, Topba, Hatsukashi. Les beaux paysages n'ayant pas de propriétaires, chacun peut sans contrainte se consoler en les contemplant. "
Le libraire retire son ironie : Thoreau a dû fréquenter Kamo No Chômei, l'auteur de ces Notes de ma cabane de moine. D'une façon ou d'une autre.
Kamo No Chômei, Notes de ma cabane
de moine, traduit du japonais par le Révérend
Père Sauveur Candau, Le Bruit du Temps,
80 pages, 11 €
 



dimanche 13 mai 2018

Samedi BD (30)

C'était la 30e de SAMEDI BD !
Nous dévoilons  une partie de la sélection d'Esilda :
 
Trondheim-Chevillard, Je vais rester,
Rue de Sèvres, 120 pages, 18 €

 

Zep, The End, Rue de Sèvres,
92 pages, 19 €

 
Victor Marco, Nous sommes Sportacus,
Sarbacane, 104 pages, 21,50 €
 
Timothée de Fombelle, Christian Cailleaux,
Gramercy Park, Gallimard, 104 pages, 20 €
 
Elizabeth Holleville, ,L'Eté fantôme,
Glénat, 254 pages, 25,00 €

vendredi 11 mai 2018

L'ode à Schubert

Ian Bostridge, Le Voyage d'hiver de Schubert.
Anatomie d'une obsession, essai traduit de l'anglais
et de l'allemand par Denis-Armand Canal,
Actes Sud, 444 pages, 29 €
Le lecteur s'en aperçoit immédiatement : le livre de Ian Bostritge est un livre de passionné. Il est consacré à un ensemble, un cycle, de vingt-quatre lieder pour voix et piano de Franz Schubert : Le Voyage d'hiver.
L'auteur est lui-même un ténor, interprète du cycle, qu'il peut approcher de l'intérieur et sous toutes les facettes possibles. Cette œuvre du compositeur autrichien semble l'avoir ensorcelé très tôt. Dès l'âge de douze ou treize ans, raconte-t-il, grâce à la fougue d'un professeur de musique. Elle l'a accompagné tout au long de sa carrière.
Les vingt quatre lieder -- et les  poèmes de Wilhelm Müller mis en musique -- font l'objet de vingt quatre chapitres (plus un postlude) dans lesquels Bostridge livre ses impressions entremêlées à de sérieuses connaissances historiques, musicales et littéraires. Leur texte n'a rien de pesant, il n'est pas d'un cuistre.

Il est, de plus, servi, par des reproductions et des documents choisis par l'auteur ,et qui font de ce livre l'un des plus beaux parus dans le domaine musical ces derniers mois.

jeudi 10 mai 2018

Le style familier

William Hazlitt, Sur l'amour de la vie et autres essais,
textes traduits, annotés et présentés par
Denis Bonnecase, du Sandre, 492 pages, 35 €
" Il n'est pas facile d'écrire dans un style familier. Bien des gens confondent style familier et style vulgaire, er croient qu'écrire sans affectation , c'est écrire sans réfléchir. Mais, bien au contraire, rien n'exige plus de précision et, si je peux le dire ainsi, de pureté d'expression que le style dont je parle. Il exclut absolument toute emphase inintelligible, mais aussi toutes les tournure triviales et stéréotypées, et toutes les allusions vagues, sans lien et peu soignées. Cela ne consiste pas à prendre le premier mot qui se présente, mais le meilleur qui soit d'usage courant ; cela ne consiste pas à jeter des mots ensemble en les associant à son gré, mais à se conformer avec profit à l'authenticité idiomatique de la langue. Ecrire dans un style familier de bon aloi, ou véritablement anglais, c'est écrire comme parlerait dans la conversation ordinaire quiconque disposant d'un assortiment complet de mots et les maîtrisant parfaitement, ou pouvant discourir avec aisance, vigueur et clarté en écartant toutes les fioritures ampoulées et pédantes. "
 
William Hazlitt (1778-1830), Sur le style familier.
 

mercredi 9 mai 2018

Corot et la lecture

Des différents modèles ayant inspiré Jean-Baptiste Corot (1796-1875) exposés au musée Marmottan Monet à Paris, on ne sera pas surpris que le libraire choisisse ceux-ci.

Ces portraits sont tous liés à un objet de faible taille, de forme rectangulaire associant, au moyen d'une reliure ou d'un brochage, des feuilles de papier noircies de signes typographiques variés.
L'enchantement provoqué par ces signes couchés sur les pages est généralement tel que le sujet qui en prend connaissance est transporté dans un monde autre.
C'est indiscutablement ce qui arrive à ces jeunes liseuses dont l'une au moins (la Liseuse couronnée de fleurs ou La muse de Virgile) annonce les préraphaélites.
Le libraire, qui fait commerce de cet objet rectangulaire de faible taille ne peut garantir son efficacité magique à tout coup. Mais il a toujours bonne confiance dans ses
pouvoirs, même s'ils rendent parfois un peu mélancoliques.
Le catalogue de l'exposition Corot est disponible aux éditions Hazan, tandis que le magazine Connaissance des Arts publie un numéro hors série sur le même thème.
L'un et l'autre contiennent plein de signes et de reproductions de tableaux efficaces.
Foi de libraire.


Sébastien Allard, Corot. Le peintre et ses modèles,
Hazan, 192 pages, 29 €

lundi 7 mai 2018

Littérature et climat

Après cela, qui dira que la reine météo n'affecte pas la production littéraire ?
 
Brigitte Kernel, Jours brulants à Key West,
Flammarion, 270 pages, 19 €

Jim Lynch, Face au vent, traduit de l'américain
par Jean Esch, Gallmeister,
333 pages, 23,20 €


Elisa Ruotolo, J'ai volé la pluie, traduit de l'italien
par Nathalie Bauer,
Cambourakis, 138 pages, 18 €

Philippe Delerm, Et vous avez eu beau temps ?
Seuil, 164 pages, 15 €
 

dimanche 6 mai 2018

Le prix Larbaud 2018 a été décerné

Le 52e prix Valery Larbaud sera remis
le vendredi 1er juin à 20 h à Maud Simonnot
et son roman-récit  La Nuit pour adresse, paru chez Gallimard.
La remise du prix (décerné " à un écrivain ayant publié une œuvre
que Larbaud aurait aimée, ou dont m'esprit et la pensée
rejoignent celle de Valery Larbaud ")
donnera lieu, à la médiathèque de Vichy,
à des activités larbaldiennes les 1er et 2 juin prochains.
Le programme complet est disponible à la librairie
et dans tous les lieux de culture.
 
 
Les libraires vichyssois s'associent à la manifestation
par vente de livres et dédicaces du prix 2018
sur place, à la médiathèque.

 Le libraire avait rendu compte de La Nuit pour adresse
http://alapagevichy.blogspot.fr/2017/04/americains-paris.html
 

samedi 5 mai 2018

Le secret du sacret : connaissez-vous Marc Graciano ?

Marc Graciano, Le Sacret,
José Corti, 87 pages, 14 €
Le sacret : quel drôle de mot, n'est-ce-pas ?
Le sacret est le mâle du sacre (qui est la femelle... du sacret ! De même que le lanier est la femelle du laneret). Bref, le sacre et son mâle, le sacret, sont des oiseaux de proie de la famille des faucons. Au sens figuré, dire d'un individu qu'il est un sacre, c'est le traiter de... rapace. Plutôt joli, non ?
Dans Le Sacret (celui de Marc Graciano),
le lecteur fera moult autres découvertes de mots plutôt rares et liés au monde aviaire et, plus particulièrement, à la fauconnerie. Ainsi d'autourserie et d'autoursier, de vervelle, d'alules, de tiercelet et, pour ce qui est des verbes, d'halbraner, d'éclamer, d'empiéter. Mais pas que : ainsi de chainse, de palmus, d'éburnin, de bliaud ou de fame qui tous reportent le lecteur vers le XIIIe siècle -- entre Gracq et William Morris, excusez du peu.

Le Sacret est, indiscutablement, il semble au libraire, le livre le plus envoûtant paru de longue date et à l'abri des modes : une chasse au faucon et ses apprêts en sont le cœur, dont font les frais lièvres, une cane et même un renard dont Marc Graciano décrit la dépouille comme goulûment. L'attombisseur s'emploiera, de son côté à chasser le héron, tâche pour laquelle dressé il fut.
L'ouvrage n'a rien de mièvre. Dans l'étrange, dans le déjanté, il n'en fait pas des caisses. Il ne fait pas davantage dans le "pohétique", sous prétexte que l'on y traite d'animaux et du milieu naturel. Ce qui l'éloigne de bien des productions actuelles.
Le libraire taira la toute fin -- splendide -- du récit. Mais ne cachera pas que celui-ci tient en une seule phrase longue de 87 pages.


Marc Graciano